De la paperasse et des comptes rendus (Ludwig) [TERMINÉ]

Il était ironique de voir que le seul moment ou Jessica avait un peu de répit dans sa vie mouvementé c'était quand elle allait voir le chef afin de faire un gros état des lieux de la situation, notamment vis à vis des nombreuses personnes qu'elle avait à présent sous son aile et qu'elle s'efforçait de former du mieux qu'elle pouvait afin d'en faire des membres utiles et respectables de la Résistance. Inutile de préciser que ce n'était pas facile tous les jours. Jessica se figurait souvent d'être une gardienne d'enfant au milieu d'une classe de maternelle, pourtant pas faute d'encadrer tout ce joli monde bien qu'elle dû admettre malgré sa mauvaise foi que les choses avançaient tout de même dans le bon sens.

La jeune femme arriva enfin à l'étage du bâtiment où se trouvait le bureau de Ludwig. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus parlé au chef de la Résistance elle même. Elle avait préféré le tenir au courant de la situation par le biais d'un membre tiers, mais il était devenu nécessaire de faire le point de manière plus précise.

Elle frappa mais de toute évidence son chef n'était pas présent à son bureau, c'était décourageant, mais il était évident que Ludwig avait bien d'autre chose à gérer que de garder coller son derrière sur une chaise à longueur de temps. Elle aurait pu redescendre et tenter sa chance à un autre moment mais il lui sembla plus sage de tenter de l'attendre. Elle s'assit sur une chaise dans le couloir en se donnant une heure pour voir arriver l'autre auquel cas elle redescendrait.

Calme et sérénité. Ludwig marchait d'un pas tranquille dans les couloirs du quartier général, une feuille à la main et le petit renard sur son épaule. Ses yeux glacés parcouraient de vieux rapports concernant l'arrivé d'Elysabeth et l'échange avec le protégé d'Erelyth, cela ne s'était pas si mal passé et il pensait à peut-être réitérer l'expérience.

Alors qu'il arrivait presque à son bureau, le chef de la Résistance leva un regard neutre vers une jeune femme qu'il reconnut très rapidement. Sans plus de cérémonie il ouvrit la porte de son bureau de bois travaillé et s'enfonça en éclairant la pièce.

— Entre.

Ludwig n'était pas spécialement froid ou autoritaire, mais il agissait avec une neutralité parfois déconcertante. Il se souvenait de Jessica, d'une part car son énergie n'était ni celle d'un démon ni celle d'un humain, mais aussi car la jeune femme était là depuis déjà quelques temps. Sans capacités particulièrement notables, Kane restait une résistante investit et fournissait régulièrement des rapports détaillés. Tout le contraire d'Adrian.

Derrière son masque, Ludwig esquissa un sourire. Son bureau n'était pas spécialement décoré, assez sobre, mais il reflétait bien le caractère de l'homme : un authentique sabre similaire à celui qu'il portait à sa ceinture trônait sur l'un des murs, alors qu'en face resplendissait une bibliothèque pleine de livres aux couvertures diverses. Et comme tout bon chef, une pile de dossiers régissaient le bois brun de son bureau, sur lequel il déposa les quelques feuilles qu'il avait dans ses mains. Le petit renard sauta sur les mêmes feuilles et se roula en boule pour dormir, comme un louveteau dans un nid. Le presque samouraï fit un geste vers l'un des fauteuils en face de lui.

— Il est assez rare que quelqu'un d'autre qu'Adrien vienne me voir en personne, je t'écoute.

Adrian... et Elysabeth, ainsi qu'Erelyth, il ne pouvait pas le nier. Même si le dernier échange au bar ne s'était pas déroulé comme il le souhaitait, son objectif envers la démone restait inchangé. Mais manque de chance pour lui, Malphas s'était quelque peu réveillé de sa léthargie.

Mais ce n'était pas le sujet de la discussion.

L'option d'attendre le retour du chef s'avéra être payante puisque celui-ci pointa le bout de son nez seulement quinze minutes après que la jeune femme eut décidé de se poser sur ces vilaines chaises inconfortables pour faire le pied de grue.

La brune salua le chef d'un bref hochement de tête avant de rentrer dans le bureau après qu'il l'eut invitée à le faire. La brune était loin de se formaliser du manque de chaleur dans les gestes ou les propos de l'autre. Elle même n'était pas du genre à s'encombrer de formalités inutiles. Les faits étaient tout ce qui importaient et elle appréciait donc particulièrement cette facette du caractère de son chef.

La jeune femme prit place sur l'une des chaises qui faisait face au bureau et observa une seconde le manège de son petit compagnon avant de reporter son attention sur son supérieur. Elle n'eut aucune réaction à sa "confession". Ce n'était un secret pour personne que nombre de Résistants n'étaient que des idiots profitants de la sécurité et du confort du QG pour mener une vie moins difficile au sein d'Eden Lake et que peu d'entre eux se rappelaient des responsabilités qui étaient les leurs. Un état de fait que la jeune femme déplorait mais qu'il ne lui appartenait pas de juger en présence du chef. Au moins les recrues sous sa responsabilité savaient qu'il ne fallait pas plaisanter avec le boulot et c'est tout ce qui lui importait.

-Je suis venu faire un rapport sur la progression des derniers arrivants sous ma responsabilité.

Commença-t-elle. Prenant quelques secondes pour réfléchir à la situation elle continua :

-La situation s'est améliorée avec Zephiriel, elle pourra finalement être utile à la Résistance même si je ne suis pas sure qu'elle soit capable d'évoluer en autonomie pour le moment...

Sauf si il s'agissait de prendre l'initiative de draguer ou de bouffer des gâteaux à la fraise. Elle passa volontairement sous silence le cas de Nat qui de tous était sans doute le plus inutile vu son age, en revanche elle avait de nouvelles informations à communiquer à son chef.

-J'ai accueillit une nouvelle recrue. Elle ne sera pas forcément très utile sur le terrain vu son handicap mais je lui ait proposée de la former pour accueillir les nouveaux arrivants, il me faudrait votre autorisation pour ça. J'ai également accueillies deux nouvelles recrues puisque mon frère et un de ses amis ont débarqué en ville depuis peu...

D'abord immobile et peu expressif, quelques idées venaient pourtant traverser l'esprit vif du chef de la Résistance. Jessica Kane, les nouveaux arrivants... cela lui revenait. Elle était investit et occupait une place particulièrement intéressante chez les résistants ; mais Ludwig ne mentionna ni ne montra cette hésitation, il s'agissait là d'une subtilité dédiée aux lecteurs. Un rapport ? L'homme croisa les bras sur sa poitrine, sans lâcher du regard la jeune femme, et il finit par s'asseoir sur le fauteuil qui lui était consacré. Pourquoi un rapport oral était-il nécessaire ? Ce n'était pas plus mal en un sens, mais les choses qui sortaient de l'ordinaire n'étaient pas à prendre à la légère, il le savait mieux que personne.

Elle hocha de la tête à l'entente du prénom de la succube. Il ne l'avait pas rencontré en personne, mais de ce qu'il en savait ce n'était ni la plus utile ni la plus intelligente pour le moment. Une évolution de son cas était donc une bonne chose, détail sur lequel l'homme n'aurait pas parié.

Le reste du monologue le laissa un peu plus sur sa fin, et à peine Jessica eut-elle finit le début de son rapport que Ludwig reprit la parole.

— Un handicap ? De quoi s'agit-il ?

Ludwig croisa ses jambes l'une sur l'autre, à l'écoute.

— J'attends bien évidemment des détails sur les deux recrues supplémentaires.

Il ne pensait pas que la jeune femme puisse avoir de la famille. Un instinct, probablement rien de plus, mais il se garda de commenter cette information là précise. Bien que peu reservé, il se douta que cela était peut-être la cause de la venue de Jessica dans son bureau. Enfin, ce n'est pas comme si elle y craignait grand chose de toute façon.

Les questions arrivaient. Jessica y comptait bien, c'était ainsi qu'elle pourrait orienter son rapport afin d'aller aux faits susceptibles d'intéresser son chef au lieu de le noyer sous des détails dont il n'aurait que faire. Certes Jessica n'était pas de ce qui se perdent dans des récits en donnant des informations superflues et qui n'intéressent personne mais connaître la direction à prendre pour garder l'attention de son interlocuteur était toujours quelque chose de plus confortable que d'évoluer le regard bandé sur la situation. Elle put donc enchaîner assez vite sur ce qui lui avait été demandé.

-Elle est borgne, elle peine à viser avec une arme et se retrouverait sans doute que faire face à un occulte ne serait-ce qu'un peu rapide signerait sa fin.

Répondit-elle. Si le tableau n'était pas reluisant la brune ne s'inquiétait pas. Si la Résistance avait des places pour des personnes comme Alexis qui n'était sorti de sa torpeur qu'à la mort d'un proche, pour des Elysabeth qui bien qu'étonnement forte pour son age n'en restait pas moins une enfant ou pour tout un tas d'autres exemples qu'elle n'énumérerait pas, alors Mina saurait trouver sa place ici. Elle continua cependant :

-Elle à toutefois survécu seule au sein de la ville ses dernières années malgré qu'elle soit encore très jeune, je pense pouvoir en faire une membre intéressante pour le groupe.

Et si au passage elle pouvait s'alléger un peu la tâche d'accueillir les nouveaux, ça n'en serait que mieux.

-Concernant les deux autres recrues, je ne peut pas encore affirmer beaucoup de choses à leur sujet. L'un est donc mon frère, je ne l'ai pas vu depuis 4 ans et je garde le souvenir d'un gamin pourri gâté mais physiquement il possède de bonnes capacités et je ne compte pas le laisser jouer les petits princes tant qu'il vivra à mes crochets. Son ami je ne le connait pas encore assez pour me faire un jugement.

Ah, un handicap physique. Ludwig pensa avec une certaine nostalgie à quelques uns de ses anciens camarades, tombés au combat ou disparus pour la plupart, qui se débrouillaient particulièrement bien au fusil sniper malgré un oeil en moins et parfois une oreille en charpie. Il prit note mentalement de la faculté de la jeune enfant à survivre : la violence était moins reine à Eden Lake qu'il y a encore quelques moins, mais cela restait un bon indicateur sur la fiabilité de la demoiselle.

— Je vois, pour la jeune fille je te laisse l'ampleur de la décision et du comportement à adopter avec elle. En revanche, pour les deux autres...

Ludwig se redressa dans son large fauteuil. Il vint effleurer du doigt son petit renard qui glapit de plaisir avant de se remettre en boule et de se rendormir. En vérité, la présence de deux personnes qu'il ne connaissait pas ne le dérangeait pas outre mesure. De toute façon, si un problème devait apparaître, il savait que des résistants comme Adrian et Jessica seraient capable de gérer la situation, auquel cas il interviendrait lui-même pour éliminer les parasites comme il l'avait déjà fait. Il sembla réfléchir un instant.

— Je te laisse te charger des deux derniers. Mais occupe-toi de les surveiller au plus près, je veux un rapport complet et régulier sur ces trois nouvelles recrues. Charge-t-en ou délègue la tâche à d'autres personnes, la méthode ne m'importe guère.

L'homme attrapa un dossier qui reposait sur son bureau pour le feuilleter à nouveau : il s'agissait plus de notes personnelles sur les derniers événements qu'autre chose.

— Tant que j'y pense, je te charge également de faire passer le message suivant auprès de l'ensemble des résistants : plus de querelles avec les occultes et encore moins l'Ombre pour le moment.

Jess continuait de faire face à son chef avec la même rigueur qu'elle s'imposait à elle même. Au final le compte-rendu avait été assez rapide. Ludwig l'invitait à lui faire part des moindres faits importants concernant les trois nouvelles recrues, lui laissant toute l'amplitude nécessaire concernant ce qui devait être fait les concernant. En bref ce qu'elle faisait déjà au quotidien. La brune hocha la tête, se gardant bien de faire quelconque remarque à ce sujet. Elle était optimiste quant au fait que les choses se dérouleraient bien avec ces trois nouveaux arrivants. Optimisme prématuré ? Peut-être bien, mais elle avait suffisamment la tête sur les épaules pour ne pas s'endormir sur ses lauriers et veiller à ce que les choses se déroulent comme elle l'entendait.

-Ce sera fait.

La phrase qui suivi en revanche l'interpella quelque peu. Que Ludwig lui confit une tâche n'avait en soit rien de bien exceptionnel, c'était très souvent le cas, en revanche ces propos laissait entendre qu'il pouvait être au courant de l'incident qui concernait Zephiriel et Malphas. A dire vrai elle n'avait pas jugé important d'en parler, le problème ayant été réglé avant que les choses ne deviennent problématiques. Malphas n'était sans doute pas assez puéril pour tenir rigueur aux résistants et sans doute avait-il déjà oublié l'incident. D'ailleurs la jeune femme voyait mal comment son chef aurait pu être au courant à moins que Zephiriel elle même lui eut raconté, personne n'avait été mit au courant et elle s'était bien gardé de laisser échapper quoique ce soit en présence de Nat le rapporteur, aussi il ne devait s'agir que d'un hasard.

-Très bien, j'en ferais part à mes collègues. Autre chose ?

Jessica n'avait pas eut le temps de recevoir de réponse à sa question que l'un de ses collègues entra sans frapper, rouge et essoufflé il annonça qu'un type avait tenté de s'introduire dans les locaux du QG, s'ils avaient réussi à l'en empêcher et à l'empêcher de fuir, l'autre était gravement blessé et sans doute aux portes de la mort.

Ludwig s'apprêtait à répondre lorsque son regard fixa la porte de son bureau quelques milli-secondes avant que celle-ci ne s'ouvre. Il posa alors ses yeux impassibles sur l'agité qui venait de rentrer dans la pièce, et qui n'attendit aucune permission avant de prendre la parole. Le chef de la Résistance fronça un sourcil, soucieux : il avait certes perçus quelques mouvements dans les étages inférieurs, mais une attaque ? Sans plus tarder, le petit renard endormit se réveilla et grimpa sur l'épaule du militaire.

— Jessica, avec moi.

La garde de son sabre en main il passa devant son subordonné et lui intima de leur indiquer le chemin à suivre ; même si un regroupement avait lieu plus loin, cela n'était pas obligatoirement l'emplacement du problème. Qui plus est il fallait constater les dégâts au plus vite : chose que Ludwig n'avait pas envie de déléguer.

Il savait les murs du QG faillible, malgré le système de sécurité électronique —l'un des rares à fonctionner— et quelques paires d'occultes figés à la surveillance. Pourtant quelqu'un était parvenu à pénétrer le bâtiment. Ce n'était pas une bonne chose, et le brun était intimement persuadé que quelque chose de plus grave s'annonçait.
En croisant quelques uns de ses suppléants, il leur somma de transmettre un message Adrian s'il était dans le complexe ainsi que de vérifier au pas de course si d'autres attaques avaient eu lieu. Etait-ce l'Ombre ? Après ce qu'il s'était passé ? Peu probable, mais c'était en même temps la seule solution plausible.

Sinon, qui serait assez fou pour s'en prendre à eux ?

Alors que Jessica attendait une réponse pour rentrer dans ses appartements, voilà que la porte s'ouvrit soudainement. La jeune femme fronça les sourcils, une attaque était un événement assez peu courant pour que cela suscite des interrogations. A l'ordre de son supérieur la jeune femme s'était redressée et avait suivie, s'interrogeant sur l'identité de celui qui s'était risqué à s'introduire dans leurs locaux. Apparemment ce dernier était mortellement blessé et la brune espérait qu'il ne perde pas la vie avant qu'ils aient pu démêler la vérité derrière cette étrange situation.

Les prières ne sont pas toutes faites pour être exaucées et c'était d'autant plus vrai à Eden Lake. C'est un corps sans vie qui les attendaient une fois sur place. Celui d'un homme à première vue ordinaire. La jeune femme essaya de déceler en lui une part d'occultisme mais c'était peine perdue, surtout face à un cadavre. Elle attendit donc de voir ce que Ludwig souhaitait faire.

Avec calme, Ludwig tentait d'imaginer tous les scénarios possibles : qui ou quoi les attaquaient, dans quelles conditions, pour récupérer quelque chose ? Quelqu'un ? La résistance ne faisait que très peu de prisonniers, et les seuls ennemis notables n'en n'étaient plus à cause ou grâce aux démons à la tête de l'Ombre. Cela pourrait être un groupuscule d'habitants qui ne se seraient pas encore fait remarqués... mais dans ce cas là, quel objectif auraient-ils eut à atteindre ?
Et bizarrement, l'idée même qu'il ne s'agisse là que d'un acte isolé ne lui plaisait guère.

Une fois arrivée près de l'une des entrées —ce qui signifiait donc que l'homme avait été intercepté très vite—, il n'y avait que la mort de gravée sur son visage. Peut-être avait-il une vingtaine ou une trentaine d'années, difficile à dire avec tout ce sang.

— Humain.

Sonnant comme un crachat dans la bouche du militaire, ce dernier darda un regard froid vers le cadavre. Il tourna la tête de part et d'autre pour vérifier l'état des lieux, mais rien ne semblait abîmer outre mesure.
Ludwig s'approcha, à la recherche du moindre indice face à ce corps. Surtout, il craignait un kamikaze, et s'il possédait un explosif sur lui ? Du poison ? Une arme ?
Tout en faisant cela, Ludwig lança une poignée d'ordres à l'assemblée.

— Matthis, prenez quelques occultes et faites le tour du QG des fois qu'il ait des collègues. Orwell et Jake vous vous occupez de faire des groupes et de râtisser l'intérieur, vérifiez qu'il ne nous manque rien. Kane...

Ludwig porta son regard glacial vers sa subordonnée. Plusieurs choses lui traversèrent l'esprit mais une unique consigne lui paraissait judicieuse.

— Il me faudrait votre avis.

Sans s'interrompre dans ses gestes minutieux, l'Heisenberg prit son temps avant de continuer.

— Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une attaque de l'Ombre mais il faudrait écarter cette possibilité au plus vite. Devrions-nous nous rendre immédiatement à leur QG tous les deux ou contentons-nous d'envoyer un message ?

Si Jess était légèrement en retrait, elle n'en restait pas moins attentive aux événements. Ainsi donc celui qui avait vainement tenté de les attaquer était un humain. La jeune femme scruta son visage couvert de sang. Bien sur rien en lui ne pouvait laisser échapper un quelconque indice sur sa motivation à s'introduire dans leurs locaux. Était-il réellement de l'Ombre ou était-ce un civil qui convoitait le confort de la Résistance ? Aucune de ces deux hypothèses ne lui paraissait juste.

Ludwig avait prit les choses en main et s'assurait que les mesures nécessaires étaient prises par ses subordonnées. Il l'interpella finalement après avoir donné les ordres nécessaires à plusieurs de ses hommes. La brune s'avança, gardant son habituelle expression fermée sur le visage. Elle prit quelques secondes à réfléchir à ses questions. Elle doutait également qu'il s'agisse d'une action de l'Ombre. Rien ne collait avec leur profil et si Malphas avait réputation d'être un idiot elle l'imaginait mal envoyer un simple humain dans une mission suicide quand le QG de la Résistance les narguait depuis déjà tant d'années.

-Je ne pense pas non plus. Mieux vaux envoyer un messager. Qui sait si quelque chose d'autre ne nous attends pas au tournant, mieux vaux être présent si c'est le cas.

Ludwig hocha doucement de la tête. C'était en effet la meilleure chose à faire, le problème étant désormais de choisir le-dit messager et de faire parvenir l'information à Erelyth ou Malphas au plus vite. Le deuxième étant plus facilement perceptible que la première, la démone était néanmoins plus souvent au QG de l'Ombre et ce en toutes circonstances. Le militaire fronça un sourcil. Quelque chose n'allait pas.

— Je te charge d'envoyer qui tu veux, n'hésite pas à prendre quelques personnes, si possible qui sont déjà entré en contact avec des membres de l'Ombre ou qu'Erelyth reconnaîtrait. Dis-leur de transmettre le message suivant : nous avons besoin de nous voir au plus vite. Si nous faisons confiance à la finesse stratégique des deux démons à la tête de leur organisation, ils sauront lancer des recherches et venir nous voir ici, du moins je l'espère. Une fois que cela sera fait, rejoins-moi à l'extérieur, je fais participer aux fouilles.

Ludwig attendit que sa subordonnée réponde à l'affirmative ou lui pose des questions. Une fois fait, il se déplacerait rapidement à l'extérieur pour aider ses pairs à comprendre ce qu'il venait de se passer.

La brune hocha la tête à l'ordre de son supérieure. Bien sur à peine avait-il terminé qu'elle savait déjà qui elle enverrait, elle s'empressa donc d'aller à la rencontre de celui qu'elle jugerait le plus apte à remplir cette mission sans causer d'impairs qui pourrait leur faire perdre de temps. Pas que tous les Résistants soient des idiots, certains avaient juste besoin d'apprendre à agir de façon plus professionnelle pour mener à bien leurs tâches.

Repassant devant le corps de celui qui s'était risqué à les infiltrer la brune jeta un oeil sur ses collègues occupés à fouiller l'autre à la recherche d'indices quelconque sur son identité. Elle entendit vaguement une histoire de dispositifs étranges. Rien de très bon à entendre. Plus personne à Eden Lake n'avait accès à la technologie et puis.... Il n'y avait plus grand chose qui fonctionnait ici bas.

Elle balaya ses pensées d'un revers de main, se préférant entièrement disponible pour les éventuels événements qui pourraient survenir. Elle rejoignit donc son chef à l'extérieur et lui confirma qu'un messager était dès lors en route vers le domaine de l'Ombre.