So fluffy but not in the mouth PLEASE !! |PV•Aloysia|

|OST : https://www.youtube.com/watch?v=4nyHPIcbn88

Te voilà sautillante depuis une bonne heure maintenant. La musique dans ton casque résonne peut-être un peu fort pour la plupart des passants : mais est-ce que tu t'en préoccupes ? Pas le moins du monde !

— Et siii, et siii, moi aussi j'avais a sweet fluffy tail ?~


Le ciel est d'un bleuuuu si joli ! Tu pourrais le manger tout cru ! Enfin pour l'instant tu n'as pas spécialement faim. Alors tu danses, tu te dépenses, ce petit pas sur le côté que tu reproduis, volée à la même IDOL qui te fait toujours autant craquer. Tu ouvres la bouche pour inonder le monde de ton manque de talent artistique -quoique tu ne chantes pas si faux que ça, vu tout le temps passé dans un karaoké-, chose que tu regrettes subitement quand un liquide poisseux et un morceau de viande non désiré s'insère au coin de tes lèvres. Tu recraches le tout et manque de vomir, ébloui par quelque chose dans tes yeux... avant de comprendre qu'il s'agit de sang.

Surprise, tu regardes un peu autour de toi avant de voir à quelques centimètres de toi un corps éclaté contre le sol. Les gens cris, hurlent, toi tu te demandes comme cet énergumène a réussi à ne pas te tomber dessus !

— Pfiou, un pas de plus et j'étais mourru !! ~

Bon, par contre, t'as du sang et des morceaux de cervelles partout sur toi. C'est poisseux, ça pu, tu grimace un peu sans bouger avant de dégainer ton portable et d'appeler la police.

— Allô ? Oui, ya quelqu'un de mort juste devant moi. Hum, il s'est jeté du haut de la gare. Mkay je bouge pas, à de suite !

─ Hey, Dawn, Becker, on a reçu un 10-56 à la gare, dans le Downtown. Vous êtes les plus près. Vous pouvez aller y jeter un coup d’œil ? Les services médicaux sont déjà en route. À vous.

C'est Jeff qui prit la radio pour répondre, après un bref coup d’œil à sa partenaire.

─ Centrale, ici Becker. On se rend sur place. Terminé.

Aloysia, conductrice du véhicule, fit faire un demi-tour à celui-ci pour se diriger vers la gare. Alors qu'elle conduisait, Jeff lui lança un regard comique avant d'ouvrir la bouche.

─ Alors, qu'est-ce qu'o...

─ Un suicide, je sais Jeff, je connais mon code, *le coupa Aloysia en levant les yeux au ciel... enfin pas trop, fallait garder un œil sur la route tout de même.* Je ne suis plus une novice.

Ça n'empêcha pas son coéquipier de la narguer jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin sur les lieux de l'incident. Un troupeau de curieux c'était formé alors qu'à l'écart, quelques autres semblaient en état de choc. Rien d'étonnant dans tout ça. Et bien entendu, tu avais la grande majorité des passants qui ne faisait que continuer leur chemin, trop pressé pour jeter un coup d’œil sur le pauvre cadavre qui salissait la chausser sous l'horloge de la gare.

Aloysia gara leur véhicule de fonction près de la scène, les phares allumés. Ils sortirent tout les deux du véhicule. Engoncer dans son habit de fonction, Aloysia avait fière allure, ses cheveux nouer en une queue de cheval, alors que le bleu de son uniforme faisait ressortir le bleu de ses yeux.

─ Allez, allons faire notre boulot Lou.

─ Va t'occuper du groupe là-bas, assure-toi qu'il reste ici.

Après cet échange, chacun se dirigea vers son objectif. Première chose à faire: évacuer les curieux, prendre contact avec les témoins, rassurer ceux qui devaient l'être. Bref, les opérations classiques jusqu'à ce que les renforts et le personnel soignant arrivent.

Sans s'occuper de son collègue, qui savait parfaitement ce qu'il avait à faire, Aloysia se dirigea vers la troupe qui entourait la dépouille.

─ Police ! Éloignez-vous du corps. Allez rejoindre mon collègue là-bas, on aura besoin de vous poser des questions.

Après tout, tout suicide pouvait très bien être un meurtre. Il ne fallait rien prendre à la légère.

La louve retroussa son joli nez lorsque l'odeur du sang lui sauta au museau. Si elle avait laissé ses oreilles apparaître, elles seraient couchées sur son crâne en signe d'inconfort. Le malheureux était bien amoché. À croire qu'il avait sauté tête en bas. L'identification allait poser des problèmes. Enfin, rien n'était sure avant une analyse complète, mais le sergent n'avait pas le temps pour ça pour le moment.

Elle avisa rapidement une jeune adulte qui semblait perdue dans ses pensées. En fait, ces surtout son odeur de sang ainsi que les projections d'hémoglobine et les morceaux de cervelle qui la recouvrait qui fit approcher Aloysia. La jeune fille avait les cheveux roses, des yeux d'un beau bleu ainsi qu'un téléphone à la main. Elle aurait été belle s'il n'avait été de tous ces morceaux rouges et gris qui parsemaient son visage et ses habits.

─ C'est vous qui avez appelé les urgences ? demanda-t-elle d'une voix douce et compréhensive.

Tu avais discrètement pris des photos du corps : vu ton accoutrement, personne n'y a vraiment fait attention. Ca t'arrange ! Et alors qu'un morceau sud-coréen s'échappe de ton casque que tu portes autour de ton cou, tu t'es déjà redressée depuis un moment pour voir arriver une femme. Une femme ? Oui a priori vu son physique. Tu hoches la tête, tu oublis. En fronçant les sourcils, tu ouvres la bouche. Pourquoi tu as fais ça déjà ? Ah oui, le cadavre.

— Bon du coup, je vais y aller.

Tu hausses les épaules. Il est mort de toute façon, t'as pas vraiment besoin de se le surveiller, n'est-ce pas ? Cela dit tu n'amorces que doucement ton mouvement pour reculer, sentant que la policière ne va peut-être pas l'entendre de cette oreille.

Aloysia fronça les sourcils face aux paroles de la jeune femme. Y aller ? C'était à croire que la mort de ce pauvre homme, qui en plus était tombé très près d'elle, vu les projections qui la recouvraient, ne lui faisait ni chaud ni froid. On lui avait déjà dit, lors de sa formation, que certaines personnes étaient insensibles ou peu sujettes au stress post-traumatique. Et cette personne semblait en faire partie. Rien dans son visage ne semblait indiquer une quelconque frayeur. Seulement... une sorte de détachement de la situation.

─ Non, attendez madame. Je vais devoir vous demander de rester. On va devoir vous poser quelques questions ainsi que recueillir des échantillons sur vous.

Pas qu'Aloysia voulait vraiment allongé la procédure, mais elle ce devait de s'assurer que les projections de sang appartenaient bien à la victime. Certains penseraient que c'était du zèle, du moins, c'est ce que dirait Jeff, car il était presque sûr à cent pour cent que c'était juste un suicidé. Mais la louve avait de coeur de faire les choses dans l'ordre et les procédures... du moins, lorsque celle-ci ne lui mettait pas de bâton dans les roues.

Son communicateur gricha un peu pour signaler que le personnel soignant était près arrivé, de même que pour les renforts, qui allaient définir le périmètre d'enquête. Satisfaite de l'information, Aloysia se rapprocha de la jeune fille. Elle aurait bien essayé de sentir son odeur, mais celui du cadavre empestait l'air. Et le fait qu'elle soit recouverte de morceaux du défunt, il était normal qu'elle ne puisse la sentir.

─ Je tiens à vous dires que vous n'êtes point obligé de dire quoi que ce soit. Mais ce serait vraiment bien si vous pouviez m'expliquer ce qu'il s'est passé.

Quand tu comprends qu'on ne va pas te laisser partir de suite, c'est à peine si tu écoutes ce que te dis cette inspectrice, enquêtrice, t'es pas très sûre de toi sur ce coup là. Tu attrapes ton téléphone qui était de toute façon déjà dans tes mains et te mets à voguer sur le monde de l'internet : peut-être s'est-il passé quelque chose d'intéressant ? Tu entends vaguement les mots "échantillons", "parler", sans être certaine que l'on s'adresse à toi. Tu sens déjà une violente lassitude te gagner, et tu t'accroupis brusquement au même endroit d'où tu te tiens depuis tout à l'heure, c'est à dire finalement assez proche du point de chute du cadavre qu'on a déjà commencé à photographier et bâcher. C'est toujours comme ça pour les suicides, de toute façon.

Tiens, tu mangerais bien quelque chose de sucré, tu commences à fatiguer de cette journée devenue très pénible tout à coup.

— J'ai faim...

C'est le moment que les renforts choisirent pour arriver. Rapidement, le groupe de témoin fut pris en charge des collègues de la louve ainsi que quelques ambulanciers. Le corps fut rapidement couvert après la prise de photos sommaires. Et la jeune fille aux cheveux roses semblait l'ignorer superbement.

Aussi, quelques spécialistes récoltèrent les échantillons dont Aloysia avait parlé. La jeune fille était de toute façon tellement dans son monde qu'on aurait dit qu'il y avait une véritable bulle autour d'elle. Aucune de ses pensées ne transparaissant sur son visage malgré sa proximité avec le corps.

Aloysia, quant à elle, avait fini par s'éloigner d'un pas pour résumer la situation à un collègue. Quelques instants plus tard, Jeff, qui était partie voir le point de saut du suicidé après qu'on l'ait débarrasser des témoins, revint vers elle. Il n'avait rien trouver qui permet de croire à autre chose qu'un suicide. Ce n'était plus de leur ressort désormais.

Mais les oreilles fines de la policière entendirent la réponse de la jeune fille. Tardive, mais une réponse tout de même.

Aloysia jeta un regard à l'un des spécialistes, qui lui indiqua qu'il avait fini avec la rose. Aussi, avec une certaine apathie, Aloysia se rapprocha de la jeune adulte.

─ Il y a un café pas loin. Je peux t’offrir quelque chose ?

─ Aloysia, on n’a pas le temps...

Elle se retourna vers lui, sa queue de cheval aux pointes blanches se balança derrière sa tête alors qu'elle lui lançait des éclairs par les yeux. Elle voulait s'assurer que la rose allait bien. Et si en plus elle pouvait recueillir un semblait de déposition, ce serait un superbe bonus.

Si tu avais été un chat, tes oreilles se seraient redressées juste un peu que ta tête ne se régale par avance de ce qu'on te proposait. Tes yeux se mettent à briller d'une petite lueur gourmande alors que tu redresses pour faire fasse à la policière.

— Oh oui ! ~

Comme si tu réalisais l'endroit et la situation, tu attrapes un mouchoir dans ta poche et t'essuie rapidement le visage : beurk, il y avait encore des morceaux pas net. Heureusement, rien n'a touché des cheveux ! Mais tu te débarrasses des traces de sang sur ton visage et sur ta combinaison, ni pressée ni lente, juste consciencieuse. Depuis combien de temps ne t'a-t-on pas proposé quelque chose à manger ? Au moins depuis hier ! Le mérite à ton visage d'ange... ou presque. Ca dépend de comment tu regardes les gens. Enfin, pas que tu puisses faire vraiment peur, entre ta taille et ta consistance de crevette-chat, t'irais pas bien loin sur cette voie de toute façon.

Tu jettes ton mouchoir plein de sang et de morceau de cervelle dans une poubelle, sans même esquisser une grimace. Tu as trop faim pour ça ! Puis tu te retournes d'un pas dansant, le casque autour du cou et non plus sur tes oreilles, montrant la toute pleine attention que tu portes à la femme devant toi.

— On y va ?

La louve retourna la tête en direction de la jeune rose à l'audition de sa réponse. Si elle pouvait lui faire plaisir avec une douceur dans ce style, ça lui allait. En tout cas, une chose était sûre: soit la rose n'avait pas capté ce qui venait de se passer, et son cerveau oblitérait l'événement, soit elle avait une résistance à toute épreuve face à ce genre d'événement. Dans ce dernier cas, ça forçait le respect. Elle avait déjà vu s'écrouler des policiers face à de tels cas, malgré l'entrainement qu'ils avaient reçu.

C'est donc avec un réel sourire qu'elle se tourna vers le policier qui était maintenant en charge de la scène, non loin. Il fallait tout de même le mettre au courant qu'elle partait avec le principal témoin. Mais comme tout portait à croire à un suicide, son collègue lui donna son aval. D'ailleurs, plusieurs témoins commençaient à partir déjà, libérés par les policiers.

Jeff, pour sa part, leva les yeux au ciel. Mais lorsque Aloysia lui proposa de lui payer à lui aussi le café, il ne dit plus un mot, comme s'il avait déjà hâte d'y être. Comme quoi, la bouffe, c'est la vie.

Ceci réglé, la louve se retourna vers la rose pour la découvrir propre. Bon, les vêtements étaient fichus et allaient avoir besoin d'un bon coup de nettoyage. C'est parce que ça tache le sang quand même. Pour ce qui était de son visage, plus rien ne paraissait, ce qui la rendait bien plus présentable. Et mignonne aussi, avec son air de chaton innocent.

─ Tout de suite ! Enfin..., dès que notre Jeff aura arrêté de baver.

Ledit Jeff lui lança un regard faussement outré, mais joueur.

Sur ça, ils prirent la direction du véhicule dans lequel les deux coéquipiers étaient arrivés. Aloysia prit le volant et les conduisit au café le plus proche, qui se trouvait même pas à cinq minutes de là. Jeff bien sûre allait prendre son éternel café noir. Pour Aloysia, un bon milk-shake avec un muffin aux myrtilles. Ne restait plus qu'à la rose de prendre ce qu'elle voulait. Elle était invitée après tout.

Les commandes prises, ils se regroupèrent tous autour d'une table pour déguster leur douceur dans un petit silence. Et puis, la louve voulait voir si la rose allait engager la conversation d'elle-même ou pas.

Tu sautes dans la voiture sans ménagement, même si tu rates le siège et glisse par terre une première fois non sans laisser ton rire éclater dans l'habitacle. Tu en pleures presque et commence à battre le rythme de la musique que diffuse discrètement ton casque. Tu ne fais pas trop attention à l'homme qui se tient non loin quand vous descendez et suis la dame policière. Quand vient ENFIN le moment de choisir ta douceur !

Ta langue passe sur tes lèvres. Que choisir ? Des sucreries à la framboise bien-sûr ! Alors avec un geste presque trop enfantin, tu choisis un muffin à la crème et à la framboise ainsi qu'un milkshake à la framboise ! Le meilleur goût du monde ~

— Bon nyahppétit ~

Et tu te jettes presque sur ton muffin jusqu'à t'en mettre plein les moustaches... invisibles bien entendu ! Mais en contrepartie, tu ne ressens aucune envie particulière de parler... en même temps, tu as des confiseries plein la bouche, ça ne serait pas très poli !

La personnalité de la jeune fille était... étonnante. Surtout lorsque l'on se rappelait que quelques instants plus tôt, elle avait vu un mec s'écraser au sol après une chute assez haute pour le rendre à l'état de chewing-gum abandonné sur la chausser.

En fait, elle débordait d'une espèce de joie de vivre qui déteignait assez sur la policière, qui ne pouvait s'empêcher de lui sourire. Que ce soit son rire dans la voiture ou sa façon de choisir ses petites douceurs... c'était tout mimi. De vraie manière de chaton joueur. Et bien que Aloysia soit une louve, elle adorait les petits chats !

— Bon nyahppétit aussi !

C'est pourtant avec un enthousiasme plus mesuré qu'elle brisa son muffin pour en enfourner une bouchée. Jeff quant à lui, fit de même, bien qu'il ne semblait pas vraiment à sa place. En fait, il tiqua même lorsqu'Aloysia répéta le même "appétit" chatisé que la jeune fille aux cheveux roses.

Ainsi donc, seul le bruit de mastication flotta entre eux. Du moins, jusqu'à ce que ce les dernières graines furent chassées de sur la table ! Jeff semblait interroger du regard sa coéquipière, qui faisait comme si elle ne voyait rien. Elle aimait bien le faire poireauter comme lorsqu'il la faisait attendre parfois lorsqu'elle était novice.

Elle prit une gorgée de son breuvage encore chaud avant de porter son attention sur la jeune fille qui lui faisait place. La louve semblait plus sérieuse, mais sa voix laissait transparaître une bonne humeur non feinte.

— Moi, c'est Aloysia, mais appel moi Lou, commença-t-elle avec le sourire. Lui, c'est Jeff. C'est quoi ton nom ?

Tu rigoles lorsque la policière te répond, satisfaite d'avoir trouvé au moins un bon compagnon de patisserie ! Bon l'autre semble un peu plus bizarre et tu ne t'empêche pas de le fixer tout en mastiquant ton muffin, comme si tes magnifiques -oui oui- yeux bleus allaient déceler ses pensées ! Des fois, tu t'imagines avoir de tels pouvoirs. Comment il faudrait le regarder, tu penses ? Droit dans les yeux c'est sûr, mais avec une expression un peu différente ? A quoi il faudrait que toi tu penses ? Faire le vide te semble très abstrait... alors tu imagines... lui ouvrir la tête en deux. Quoique, la première image qui te vient à l'esprit c'est toi en train de VRAIMENT ouvrir la tête du bonhomme avec un scalpel : naaaan, ça te fait rire mais c'est pas quelque chose qui marcherait. Au final tu te détournes vers la fenêtre, où il y a plein de gens à regarder maintenant que tu dégustes bien plus tranquillement ton milkshake.

Ta tête repiques instantanément avec un petit sourire quand on te parle.

— Lou ? Comment on en arrive de Aloysia à Lou ? T'es quand même vachement bizarre comme policière, mais bon j'aime bien. Jeff par contre c'est plus banal, je suis déçue.

Tu hausses les épaules suite à ta déclaration, comme si la chose était naturelle. Tes yeux bleus se reflètent dans ceux de Lou, puis tu reprends la parole après une autre petite gorgée lattée-fruitée.

— Ambroise ! D'ailleurs à deux lettres près ça fait Framboise. On peut m'appeler Rose aussi, et certaines connaissances m’appellent Amby, c'est plus facile à dire qu'Ambroise qui est un prénom qui ne vient pas d'ici. Enchantée !

Aloysia envoya une œillade hilare à son coéquipier, qui ne savait que répondre face à la franchise enfantine de la jeune Ambroise, l'expression du policier se situant entre l'indignation et le poisson hors de l'eau. Elle le désarçonnait complètement, mieux même que Lou elle-même lorsqu'elle s'y mettait franchement. En tout cas, une chose était sure: la jeune fille faisait bonne impression à la louve.

— Aucune idée, lui répondit la policière dans un rire. Et puis, je ne me définis pas que par mon boulot, tout de même. En tout cas, enchanter moi aussi, Ambroise.

Les yeux bleus pétillants de la jeune Rose étaient bien attirants, surtout avec la façon dont elle avait de fixé Aloysia dans les pupilles. Si à un certain moment, sous une autre forme, elle lui aurait peut-être sauté au visage, parce que ça pouvait très bien sonner comme un défi, là, maintenant, tout de suite, avec cet air tout mignon et cette atmosphère de pâtisserie, la louve n'avait que l'envie de discuter.

C'est après avoir renvoyé quelques mèches de cheveux blanches aux pointes noires derrière son épaule qu'elle reprit la parole d'un air enjoué, sa tasse proche des lèvres.

— En tout cas, tu m'impressionnes beaucoup. Être aux premières loges d'une telle scène et ne pas être plus affecté que ça.

Ses mots firent s'étouffer Jeff, dont le visage devint subitement rouge. C'est que normalement, une approche aussi directe envers quelqu'un de possiblement traumatisé n'était pas vraiment conseiller. Le policier savait bien que sa coéquipière marchait à l'instinct, d'ailleurs, ça avait toujours porté ses fruits, mais la quand même...
C'est avec un sourire rieur que Aloysia lui tapota un peu l'épaule tout en gardant son regard bleu ciel sur la jeune fille aux yeux brillants.

Tu ouvres grand tes yeux interloqués. En première scène ? Toi ? Du courage ?

— Mais... en quoi faut-il du courage pour se faire inviter par deux policiers ?!

Ta bouche forme un joli o parfait, alors que ton cri a presque fait se retourner la moitié de la salle. Ca ne t'empêche pas d'éclater de rire de manière toute aussi spontanée : car on ne te refera pas.

— T'es vraiment bizarre ! Enfin si j'peux impressionner des gens, moi, pourquoi pas.

Tu reportes ton attention sur ton milkshake à moitié bu, comme si de rien était. Après, tu as peut-être mal compris ce que "Lou" veut te dire, mais la subtilité, c'est pas ton point fort dans la vraie vie. Peut-être plus dans tes romans, et encore c'est pas vraiment toi qui écris, c'est ton cerveau. D'ailleurs, tu devrais peut-être essayer d'intervenir quand tu tapes frénétiquement sur un clavier ou que tu écris dans tes cahiers. Mais ça serait épuisant, à la longue !

Aloysia fit les gros yeux avant d'éclater de rire. Ah bah ça, si elle s'y attendait. Jeff, quant à lui, lui lança un regard des plus désespéré. Il ne comprenait plus grand-chose. Il savait, de par son comportement que la jeune Ambroise ne devait pas avoir forcément toute sa tête, d'après les conventions sociales, mais ce qui l'inquiétait encore plus, c'était les réactions de sa coéquipière qui, en plus de faire comme si c'était parfaitement normal, agissait même dans le même sens que la rose.

— Lou... tu peux m'expliquer ?

Après tout, la moitié de la salle s'était retournée vers eux. Fallait la calmer c'te fille.

— T'inquiètes Jeff. C'est juste une erreur de compréhension. Tu ne trouves pas ça marrant toi ?

Est-ce que la louve jouait un rôle ? Peut-être que oui, peut-être que non. Un savant mélange des deux peut-être ?

Aloysia se retourna vers la jeune Ambroise, un sourire un peu trop pointu aux lèvres.

— Je te parlais du suicidé en fait. Comme si tu y étais habituée. C'est le cas ?

— Aaaah ! Le mec qui s'est écrasé devant moi ? Ah !

Un éclair de compréhension traverse ton regard alors que tu termines ton milkshake. En même temps, si les gens étaient plus clairs avec toi ! Ca n'allait pas du tout comme situation. PAS. DU. TOUT. Enfin pas le suicide, mais surtout le fait que tu comprenais souvent de travers à cause des autres. Mais au final, ça tombait sous le sens : était-ce pour cela que Lou t'avait invité à manger et boire quelque chose ? Peut-être. Tu hausses tes frêles épaules ce qui semble déranger tous tes vêtements qui s'agitent avec toi, comme mués d'une volonté propre. Tes doigts se plient et se déplient comme on jonglerait avec des balles invisibles : ton bleu océan se perd finalement dans les yeux de ton interlocutrice principale, puisque Jeff est complètement perdu.

— J'vois pas trop comment on peut s'habituer à la mort, personnellement ça me surprend toujours ! Et... non, je ne parlerais pas d'habitude. Fin', c'est la vie, ou plutôt la mort pour le coup. De toute façon il ne m'a même pas mise en danger en me tombant dessus cet idiot, alors autant dire... que je m'en moque ! ~ hihi.

— Oui, lui-même. Désoler si je n'ai pas été plus précise avant.

En tout cas, elle parlait sans crainte, sans barrière. Là où quelqu'un de choqué aurait bégayé et cherché ses mots, elle parlait avec un débit de voix claire avec une opinion bien arrêté. Et avec des mots et des thèmes qui rendaient le tout super compréhensible. En tout cas, une chose était sûre: elle n'était pas atteinte d'une quelconque maladie mentale, comme semblait le croire Jeff un peu plus tôt. Ambroise était juste... particulière et décomplexée par rapport à ça. C'est là vie, comme elle l'avait si bien dit.

En fait, Aloysia se prit même à apprécier le petit discours de la rose. Faire des débats avec elle se devait d'être passionnant ! Un avis tranché et pas de faux-semblant, ou du moins, pas en apparence. Et ce regard qui vous regardait sans sourciller... C'était à s'y perdre.

— Ahah, c'est vrai qu'il aurait pu faire l'effort de te cogner le bras en tombant au moins. Ça aurait été plus marrant à raconter. M'enfin, c'est une chance qu'il t'ait loupée quand même.

Jeff leva les yeux au ciel, n'arrivant pas à croire ce que disait sa coéquipière. Il ne comprenait pas la jeune femme et encore moins le comportement de sa collègue. Mais bon, elle faisait ce qu'elle voulait, de toute façon. Pas comme s'il pouvait l'en empêcher.

En tout cas, Ambroise arrivait à la fin de son milk-shake et Lou allait parié avec elle même que la jeune allait vite ce désintéresser de tout cela une fois la dernière goûte avaler. Elle n'avait pas décidé de ce qu'elle allait gagner ou perdre, mais ça sera toujours marrant.

Dans tous les cas, elle ce disait que si un jour, elle devait ce dévoiler à quelqu'un, quelqu'un comme Ambroise serait parfait. Personne ne la croirait et elle serait parfaitement capable d'appréhender cette réalité avec recul. Oh, c'était amusant d'imaginer de telle chose !

Tu fais un petit geste de la main pour signifier que ce n'est pas grave. Tu n'es pas toujours très claire, tu peux bien te l'avouer ! Après, de là à l'avouer aux autres... il y a quand même un monde. Et puis bon, le manque de précision, c'était quasiment le propre de l'humain !

— Si on devait toujours être clair, concis et précis dans nos propos, on se comprendrait tous en permanence et ça enlèverait beaucoup de charme à certaines rencontres.

Tu écoutes, entends. Bon, tu ne sais pas trop où Lou veut en venir avec cette histoire de cogner le bras... fin, à quoi ça aurait servit ? Te faire un bleu ? Hou loulou attention le vilain bleu... nan vraiment, c'était pas très pertinent comme remarque. Mais es-tu pertinente dans ta manière de vivre ? Eh bah nan ! Donc au final tu te contentes de sourire. Par contre...

— Chance ?

Tu ne sais pas trop où est la chance là-dedans. Enfin, peut-être. Mais est-ce qu'elle attendait que tu lui répondes quelque chose ? Un coup d'oeil envers son collègue Jeff pour comprendre que la situation est vachement bizarre.

— Lou, tu cherches un truc, en fait ? T'as l'air bizarre.

Bizarre. Tu roucoules en prononçant ce mot, tu l'adores. Il est doux, douillet même

— Clair. Déjà on ne serait pas ici en train de déguster de petite merveille par exemple.

Les réactions de la jeune femme rose étaient mignonnes, mais ne l'avançaient pas tant que ça. Surtout que celle-ci commençait sérieusement à renverser les rôles, à savoir que Aloysia devenait tout de même plus bizarre qu'elle. Enfin, cela ne semblait pas être une cause de déplaisir pour elle, bien au contraire. Surtout qu'avec l'ouïe qu'avait la louve, elle entendait toute la nuance de cette façon de prononcer le mot.

Tout de même vaincue, elle redevint un peu plus sérieuse, gardant le sourire qu'elle avait.

— Disons que tu es difficile d'approche. Tu ne semblais pas vraiment t'intéresser à nos questions et faire une déposition dans ces conditions c'est... compliqué. Alors autant tu piquais ma curiosité, autant je me suis dit que je pourrais recueillir ta déposition de façon détournée.

Elle soupira un instant, avant de revenir avec un regard brillant. Jeff lui avait enfin un regard approbateur. Lui qui se demandait ce qu'ils foutaient là, il avait enfin sa réponse. Et elle lui convenait. Ça ne sortait pas des habitudes de Lou.

— Mais j'avoue avoir bien apprécié cette discussion.

Tes cheveux roses légèrement en bataille se coiffent et se décoiffent sans ton aide à mesure que tu bouges la tête d'un côté... puis de l'autre.

— Tout ça pour une déposition ? C'est bien décevant !

Tu bailles. Ce n'est pas comme si tu étais stupide et que tu ne savais pas comment ça se passait, dans ce genre de cas; Et zou le commissariat, blablabla vos papiers, blablabla signez là svp oui bon très bien, c'est super mais pourquoi avoir décider de te prendre pour une idiote ? C'est parce que tu as les cheveux roses ? Aaaaah lassituuuuude ! Petit nez souffle et tu fais la mous, préférant détourner le regard vers la vitre plutôt que de continuer à la regarder.

— Ce n'est pas réciproque, lâches-tu d'une voix molle.

— Rhooo, quelle mauvaise foi. Ou pas.

Après tout, elle l'avait eu peu piégée quand même. Malheureusement, c'est toute l'attention de Ambroise qu'Aloysia venait tout simplement de perdre. Elle soupira, se disant qu'elle avait eu raison: faire une déposition de quelqu'un qui ne s'intéressait même pas à ladite déposition ni à l'événement pour lequel il fait ce document... c'est quasi inutile. Au moins, même sans déposition -de toute façon, il était clair que c'était un suicide-, la policière en avait assez appris sur la jeune Clifton. Et puis, déposition n'était qu'un grand mot pour parler d'un simple témoignage. Le contenu de leur discussion couvrait largement ce fait.

La policière sortit un document qu'elle remplit rapidement, par habitude, avant de tendre le papier et un stylo à la jeune rose. Le papier contenait seulement les informations importantes de leur discussion, soit ce qui avait trait au suicide.

— Je te demanderais de signer ici, si tu le veux bien, demanda Lou d'une voix qu'elle voulait aimable. Ou pas, c'est comme tu le souhaites.

En tout cas, c'était dommage qu'elle le prenne comme ça. Le smoothie avait été donner avec plaisir et sans arrière penser lui.

— Nan.

Tu te lèves, relativement neutre, et remets ton casque sur les oreilles. Tu as le choix ? Eh bien tu le prends ! Et tu n'accorderas pas une seconde plus à des personnes... comme elles. Tu secoues la tête. Ces gens là étaient bien la raison qui t'ennuyait le plus sur terre ! C'est quand même pas croyable ! Alors son papier, elle peut se le mettre où tu le penses !Tu souffles du nez non sans légèrement bousculer son "collaborateur".

— Au non plaisir de vous revoir !

Aloysia afficha un regard de chien battu, mais n'ajouta rien. C'était son droit après tout, comme il était son droit de mal prendre ses méthodes. Enfin, plus que son droit quand elle y réfléchissait bien. Mais elle ne regrettait rien, elle l'aurait refait si ça avait été à refaire. Autant rester fidèle à elle même.

— Bon, fit-elle en repliant soigneusement le document. Au plaisir de...

Mais la jeune femme la coupa et partit, l'air ennuyé et furibond, heurtant Jeff, qui ne fit que lancer un regard de reproche à la louve.

— Ah bah bravo, c'est réussi, l'applaudit-il de façon sarcastique. T'es pas capable de faire comme tout le monde hein ?

— Rhaa ça va, vieux grincheux, je peux pas avoir toujours raison non plus. J'me suis plantée, voilà.

Les deux collègues restèrent à leur table quelques instants avant de repartir. Une erreur, ça arrive, mais celle-ci n'était pas peut-être pas aussi bénigne que pouvait le penser Aloysia.

[FIN RP]