Uuuh ~ So excited ~ CRACK | PV • SIRHAN | |TERMINÉ|

Ta tête ferait CRACK ou SPROUTCH en s'écrasant sur le sol ?

Le vent souffle dans tes cheveux, être menaçant qui HOUUU pourrait te pousser à chaque instant ! Tu le sens, c'est là, vicieux, poreux, dans tes tripes, dans tes veines, ça bourine ! Tes mains sont moites alors que tes yeux ne font que fixer le vide qui voudrait tant t'aspirer. SHIIIIOUP ! Qu'il ferait le coquin. T'sais, pas besoin d'excuse au final. Tu te baladais, t'as vu cet immense batiment dressé comme s'il était là depuis toujours. Une jungle de bitume et de métal s'offre devant lui comme autant de cuisses écartées. Aaaah t'aimerais bien voir ce qu'il voit ! C'est même pour ça que t'es montée,  toute excitée par cet appel presque divin.

Ton petit plaisir aura été de t'essouffler dans les escalier, en riant. L'euphorie t'embaumait les narines et tes joues rougirent alors que tu t'étalais par terre comme une larve. Oh mais le ciel était bleu, bleu ! Si bleu et même autant voire plus que tes yeux ! Tu l'as fixé, et tu lui as parlé. D'ailleurs en levant la tête tu remarques qu'il n'a pas bougé. Tant mieux ! Tant mieux, tu as plus de temps pour contempler. Mais alors, alors, ALORS ! Qu'est-ce qui arriverait si là, de suite, tu sautais ?

— Uuuh ~ so excited ~

Les caméras défilaient avec monotonie. Sur la pression d’un bouton de son ordinateur portable, l’informaticien changea de caméras. Cette journée c’était la mort... Il avait passé les jours précédents à courir après des êtres qu’il n’aurait pas cru exister. C’est les cryptologues qui seraient contents tient. Les images se succédaient avec ennui et Sirhan, le point écrasé sur la joue, commençait presque à en fermer les yeux. Pas qu’il était tard... juste que l’ennui le rendait toujours un peu groggy. Son travail ici, à San Pedro, avait tellement été simple et rapide qu’il en regrettait presque d’avoir pris le contrat.

Les images allaient et venaient doucement, monotones. C’est à peine si le jeune demi-démon les regardait. Par réflexe, il passa à une caméra suivante juste après avoir vu une chevelure pastel ressortir des couleurs grises et ternes de la ville. Il revint à la caméra précédente, observant l’apparition, qui soudainement se dirigea vers un bâtiment qu’elle venait tout juste de croiser du regard.

Tant qu’à s’ennuyer, autant suivre la vie des gens normaux...

Curieusement, sa silhouette lui rappelait très vaguement quelque chose. Mais alors très très vaguement. En tant cas, ce n’était pas sur son ordinateur qu’il l’avait vu, ça, c’était certain. Mais bon, à L.A., des gens aux cheveux rose pastel, c'est pas rare non plus. Peut-être confondait-il ?

Pour tromper son ennui, Sirhan pirata rapidement le système de surveillance du bâtiment où la fille s’était réfugiée. Il la vit monter les escaliers, le visage transfiguré par une sorte d’euphorie. Ou alors c’était seulement la fatigue due à sa course dans la montée. Cette caméra n’avait pas une superbe qualité, c’était donc difficile à déterminer.

Mais elle ne s’arrêtait pas. Elle montait, et montait, et montait encore. Jusqu’au toit. Lorsqu’elle passa la porte coupe-feu, il put voir clairement son visage, avec ses yeux bleu ciel.

Son comportement restait tout de même particulier. Assez pour tirer Sirhan de son ennui. En fait, c’est un véritable coup de jus qui lui passa au travers du corps lorsqu’elle sauta sur le rebord de l’édifice, comme s’il avait une poussée d’adrénaline.

– Non... elle va quand même pas...

En fait, à la réflexion, c’était assez illogique. Qui avait déjà entendu parler d’une personne suicidaire qui affichait un grand sourire en se jetant dans le vide ? Reste que pour Sirhan, la réflexion ne ce fit même pas et, avant qu’il ne s’en rende compte, il était dans la rue, direction le bâtiment. Par chance, celui-ci se situait dans le même quartier.

Mais qu’est-ce que je fais, là ? Qu’elle saute si elle en a envie. Ça fera un beau spectacle.

Seulement, il ne croyait pas trop à sa propre tentative d’autopersuasion. Qu’est-ce qu’il croyait faire au juste ? Lui tendre les bras d’en bas ? Et puis quoi encore ? Ces derniers temps, il avait de la difficulté à se reconnaître lui-même. Prendre soin des autres, ce n’était pas son truc. Du moins avant.

Et pourtant... lorsqu'il arriva en bas du bâtiment, son premier réflexe fut de... battre des bras en mode gros pigeon qui veut se faire remarquer. En un mot: ridicule. Monté l'immeuble pouvait donner tout le temps du monde à la jeune fille de sauter, alors aussi bien attirer son attention maintenant.

– Heyyyy ! Attends ! Bouge pas, j'arrive !

Idiot que de hurler d'en bas ? Probable, mais peut-être que le vent allait porter ses paroles vers elle. Ne serait-ce que pour qu'elle soit encore là lorsqu'il la rejoindra. Il attendit quelques secondes un signe de sa part, mais qu'il ne vienne où pas, il se lança à l'assaut des escaliers, dédaignant l'ascenseur avec la mention "EN PANNE". Il fera donc irruption sur le toit, en nage, mais sera-t-elle toujours là pour l'accueillir ?

Dangereuuuuuux ! Mais oui et en plus tu aimes ça. Tu le sais, tu le sens, ce petit frotement au niveau de ton entrejambe quand tu frôles la mort. Mais qu'est-ce que c'est ? Alors que ta langue pend dans le vide en espérant attraper le vent, voilà que quelque chose attire ton regard océan. Quelqu'un, c'est assez loin donc difficile de voir, garçon ? Fille ? Pingouin ? Ça serait drôle un pingouin quand même ? Tiens, est-ce qu'un pingouin sait voler ? Il faudrait essayer. Ca a des petits bras qui ressemblent à des ailes... oui mais ça pond des oeufs. Attend, tous les oiseaux pondent des oeufs non ? Alors est-ce que tous ceux qui pondent des oeufs peuvent voler ? Bah non. Un serpent ça pond des oeufs. Ou alors ça les mange... oui mais est-ce que ça mange ses propres oeufs ?

Oh lala, ça te file mal au crâne tout ça. Mais il veut quoi le guignol en bas ? Un bonbon ?

— Oh bah ça va alors j'en ai plein.

Tu plonges ta main dans ta poche et en retire deux sucettes. Bah oui, une pour toi, une pour lui. La première à la framboise (tes préférées) finit dans ta bouche, et alors que ta langue passe langoureusement sur le bulbe fruitée de ta sucrerie, tu tends le bras pour lancer la deuxième vers... quelque part. En bas, vu le sens de la gravité. Sauf que dans la manoeuvre, tu perds légèrement l'équilibre. Devant ? Derrière ? Le vent te pousse ! Et POUF ! Non ok tout va bien, tu t'es à moitié rattrapée avec tes bras de crevettes. Le soucis ? C'est que le bas de ton corps pend bizarrement vers le vide.

— Oops.

Et ça tire, bordel que ça tire. Mais tu parais plus ennuyée qu'angoissée. C'est que tu voulais pas vraiment mourir aujourd'hui en fait. Dommage. Est-ce que le gus a récupéré ton bonbon tu crois ? Hop là l'acrobate, réfléchis pas trop. On sait jamais, ya p'tet quelqu'un qui va venir te récupérer, ou te pousser le cul. Bawi, pourquoi pas après tout ?

C'est son petit mouvement, comme une perte d'équilibre, qui donna des ailes au jeune homme pour monter les escaliers. Et sans se ramasser les marches sous le nez en plus ! La chance.

— Bon. Elle est où là ?

Il se retrouvait donc là, en nage, une main posée sur la porte pour le retenir. Sirhan parcourt le toit du regard. Il avait tellement tourné et tourné dans l'escalier qu'il ne savait plus quel côté du bâtiment était le bon. Il fit le tour puis tomba finalement sur la fille. Ou du moins, il ne voyant que le haut de son corps, le reste pendant probablement dans le vide.

Sans trop trop réfléchir, il se précipita vers elle. Bon, son visage ne semblait pas exprimer de peur, d'angoisse ou quoi que ce soit du genre. Ton cerveau pensa tout de même que c'était bizarre, pour quelqu'un qui se retenait à un toit haut de plusieurs étages. Peut-être pas si suicidaire que ça au final. Elle fait, on aurait dit que quelqu'un venait de lui raconter une blague nulle.

Enfin, si son cerveau s'amusait à faire des acrobaties d'analyse, son corps lui s'était rendit auprès de la jeune fille. Et on ne vous avait pas déjà dit que courir sur un toit où il y a du vent était une mauvaise idée ? Lorsque le pirate arriva au bord, il faillit ne pas s'arrêter. Il agrippa l'un des bras de la jeune fille et tira. Bon... il était loin d'être Hercule et il n'était pas friand des salles de muscu non plus. D'ailleurs, peut-être même que la jeune fille glissa un peu vers le bas lors de la manoeuvre. Mais au moins maintenant, elle était tenue par quelqu'un... même si celui-ci avait la stature d'une crevette. Et pas les crevettes tigrés hein, non. Plutôt du genre mini-crevette rose.

Un peu dépité, et son cerveau n'aidant pas trop, toujours focalisé sur l'expression déplacée de la jeune fille, Sirhan lui offrit un sourire mi-sérieux, mi-contrit.

— Heum... ouais. Besoin d'aide ? Genre on fait comme dans les films: ont tirent à trois ?

Un visage apparaît et, alors que tes mains lâchent prises malgré toi, un bras te maintient en vie pendant quelques précieuses secondes. Tu retiens ton souffle et tes yeux s'écarquillent dans une expression bien curieuse pour quelqu'un qui a tout à perdre en cet instant : à commencer par sa vie ! Mais tes yeux d'un bleu presque surnaturel pour une humaine pétille d'un quelque chose d’inénarrable. Le violet que tu rencontres te fascine, et tu entrouvres légèrement la bouche. Ta sucette plonge rejoindre le premier bonbon qui est peut-être tombé sur la tête d'un passant, alors que le vent étire ses bourrasques de manière toujours plus vive. Les mèches roses de tes cheveux volent et dansent autour de ton visage. Quelques secondes passent avant que tu ne te mette à sourire, avec ce regard frisant une douce folie.

— Don't go, it's a mighty long fall ~

Mais alors que les paroles d'une chanson te reviennent et que tu hésitent à susurrer quelques murmures supplémentaires, tu retiens fermement la main qui t'a sauvé. Ta senestre, elle, s'agrippe au rebord à sa portée pendant que tes jambes s'appuient contre la paroi de l'immeuble. Tel un petit crapaud, tu te dis que seulement compter sur la force du garçon ne va pas te mener bien loin. Et alors qu'il te pose une question...

— Tires !

Sans crier gare, tu pousse de toutes tes forces avec tes jambes afin de provoquer un mouvement de balancier. Le risque est bien entendu que tu emportes dans une chute ô combien mortelle le joli garçon aux yeux violets, mais s'il s'agrippe à temps vous ne ferez qu'un roulé boulé l'un sur l'autre... du bon côté du rebord.

Le regard plus bleu que le vrai bleu de la jeune fille attire irrémédiablement ses yeux d'améthyste. Son expression indéfinissable, ainsi que la chute du bonbon qu'elle avait en bouche, laisse penser à Sirhan qu'elle ne s'attendait pas forcément à voir quelqu'un pointer le bout de son nez. Le vent, plus fort en hauteur, secouait sa crinière rose peu commune qu'elle arborait et lui donnait un air que peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir.

Elle finit par lui sourire, comme si quelques secondes avaient été nécessaires pour réaliser que oui, quelqu'un l'avait bien retenu. Quelques mots sont prononcés et le pirate ne put que penser à quelques paroles à son tour.

Il lui sourit à son tour et... fut surpris de l'élan qu'elle se donna tout d'un coup ! Faut croire que le décompte pouvait aller se faire foutre. Reste que Sirhan fut dépourvu par l'action. Il faillit lâcher prise, mais il tint bon et même tira par pur réflexe sous l'intonation de la rose, ses pieds bloqués contre la petite élévation qui bordait le bord du toit.

Avec l'élan, plus ses efforts (même s'il faillit tomber à son tour, au début), il réussit à ramener la fille sur le toit. Mais le mouvement plus la pression qu'il mettait sur ses jambes pour ne pas basculer... le firent justement tomber, mais de l'autre côté, le dos au sol, entraînant peut-être la jeune rose avec lui.

Il la regarda quelques secondes, le souffle court et l'iris un peu dilaté, puis ajouta avec un petit trait d'humour, mais tout en gardant le rythme:

— It seems like gravity keeps pulling us back down.

OH-HISSE ! Te cris-tu dans ton subconscient comme si cela était une sorte de formule super magique qui allait te sauver la vie ! Enfin tu n'as beau pas encore connaître la sorcellerie que tu parviens à MIRACULEUSEMENT ne pas partir en arrière ! Tu as sentis ton cœur accéléré, mué de cette excitation que seule la peur pouvait te faire vivre. Tu pousses même un cri aiguë entre l'explosion de joie et la crainte pure et dure, mais toujours le sourire aux lèvres. Tout se passe tellement vite que tu n'as qu'à peine le temps de sentir ton corps en apesanteur.

Tu roules puis atterrit : peu gracieux et heureusement que tu n'es pas très lourde ! Tu finis presque à califourchon sur quelqu'un que tu ne connais pas et à aucun moment tu n'as voulus détacher tes yeux des siens. Tes mèches roses tombent sur son visage ; est-ce qu'il a ton âge ? Peut-être. Il fredonne, tu te concentres pour respirer moins fort mais une goutte de sueur tombe sur sa joue. Quand tu comprends finalement ce qu'il est en train de chanter, ton sourire s'agrandit et ta voix cristaline s'anime une nouvelle fois.

— Ooooh ! Tu connais ! Par contre stop la gravité hein frôler la mort c'est cool mais pas plusieurs fois de suite haha ! ~

Ton corps tremble de part en part, tu parais si fragile, si frêle. Une simple brise pourrait te pousser sur le côté, et pourtant tu es encore là, les yeux pétillants et le visage à peine marqué par la fatigue et la terreur que doivent ressentir les gens qui manquent de mourir. Et puis ses yeux... ses YEUX ! Ils sont TROP BEAUX ! Tu aimerais bien les avoir. Enfin, les tiens sont pas mal, ils ressemblent à ceux de ton père. Mais bon, le violet c'est quand même joli, fallait bien l'avouer.

Au sol, Sirhan remarque qu'elle ne la toujours pas quitter des yeux. Avait-elle seulement arrêté de le regarder alors qu'ils étaient en suspend dans les airs, lui avec le visage surprit et elle explosant de... joie/peur, il n'en était pas sûr ? C'était dur à dire, la chose s'était passée si vite. Ça avait été un pari risqué et il en avait encore de délicieux frissons.

La tête reposée sur le sol, le hacker ne pouvait voir que le visage de la rose, sa longue chevelure lui cachant le reste du monde. Son cerveau eu juste le temps de se dire que c'était une chance qu'elle n'ai pas été plus lourde que Sirhan le fait taire: il n'avait pas envie d'analyser quoi que ce soit, là, maintenant. Seulement de reprendre son souffle, ses yeux violets fixés sur son joli minois et son regard pétillant. Une goutte tombe sur sa joue, mais il ne l'essuie pas : la fille lui tenait encore les poignets. Il la voit sourire à ses paroles et il éclate de rire à sa réponse prononcé d'une voix qu'il apprécia sur l'instant. Ça lui fit relâcher la pression qui restait encore dans son corps.

En fait, il ne s'arrêta même pas sur le fait que frôler la mort, c'était "cool". Après tout, rien ne disait que c'était pas qu'une figure de style. Et puis, il n'était pas forcément mieux avec ses paries.

— C'est clair ! C'est assez d'émotion forte pour la journée.

En tout cas, si Sirhan oubliait les tremblements qui agitaient le pauvre corps de la rose, il trouvait qu'elle s'en sortait très bien, pour quelqu'un qui venait littéralement de passé par-dessus le bord d'un toit. Et elle en blaguait en plus ! Mais c'est comme si elle avait oublié déjà cet épisode. Ses yeux célestes fixaient son propre regard avec une force, un pétillement qui ne le laissait pas de marbre.

Et puis, ce n’est pas comme s'il avait autre chose à regarder: son monde se limitait à ce visage et cette cascade rose pour le moment. Après, il n'allait pas s'en plaindre.

Parler ? Lui demander ce qu'elle cherchait sur ce rebord ? Des questions qui lui parurent bien secondaires dans ce petit monde. D'un autre côté, son regard intéressé n'arrêtait pas d’attirer le sien. Les pétillements et cette étincelle de folie qui y percevait rendaient ce bleu plus particulier encore que celui du ciel.

Il attendit un bon moment. Peut-être une minute ou deux. Ou alors c'était que quelques secondes ? Mais lorsque Sirhan retrouva une respiration un peu plus normale, il s'adressa à la miraculé, gardant le contact visuel.

— Et... c'est quoi le nom de cette rose ?

Une référence à ses cheveux, à la plante ? Sirhan n'en avait aucune idée. Ça lui avait échappé, comme ça.

Le souffle court, tu trouves quand même le moyen de rire en cet instant.

— Rose... bah Rose justement ! laches-tu d'une traite.

Ce qui est vrai, même s'il ne s'agit que de ton nom de plume. Mais le rose c'est quand même joli, ça peut rappeler plein de choses ! Et puis tes cheveux, c'est comme s'ils avaient toujours eu cette couleur là. Dans ton esprit en tout cas, tu as les cheveux roses depuis que tu es née. Au bout de quelques secondes de douleur, tu finis par t'écrouler sur le côté, libérant par la même occasion le garçon. Cette pensée te fit rire, comme si tu avais été sa tortionnaire, l'emprisonnant dans ses immenses griffes dont l'ombre planait encore au-dessus de sa tête. Ton regard se perd dans le loin couvercle du ciel. Ta poitrine se soulève encore au rythme effréné de ta respiration, que rien ne semble pouvoir apaiser. Mais cela vient, au fur et à mesure, tu as confiance. Cela dit, tu te sens vidée de tes forces, comme si ton corps n'était que le résidu d'un ballon complètement dégonflé.

— Enfin... tu peux aussi m'appeler... Ambroise... un peu plus original, hein ? Haha...

Tu ouvres grand la bouche et bouge les bras comme une petite créature marine qui se débattrait dans un élément qui n'est pas le sien ; tu relâches tout subitement et prend une grande inspiration, stabilisation ton souffle. Tes yeux se ferme, et tu profites, tu sens, le vent qui caresse ton visage blanc, le soleil qui réchauffe ta peau humide d'efforts. Ca ferait une bonne scène dans un de tes romans. Peut-être même une scène d'amour ? Pourquoi pas.

— On ne peut pas dire que ça te va mal en tout cas, lui sourit Sirhan en réponse à son rire cristallin.

Il respirait avec profondeur. Rose, ce n'était pas si commun, à LA. Et pourtant, ça lui disait un truc. Mais sans nom de famille... à moins que Rose soit le nom de famille ? En tout cas, cette question lui signala que son cerveau avait repris du service !

Puis, après quelques instants de flottement, elle glisse sur le côté, ce qui brise leur contacte visuel. Elle semble encore essoufflée, mais après tout, c'était elle qui avait affronté le plus de sensation forte, bien que le hacker ne soit pas en reste non plus. D'ailleurs, ses muscles se rappelèrent à son bon souvenir en lui envoyant quelques piques douloureuses: sa montée infernale des escaliers avait un contrecoup. Ses yeux de pierre précieuse retrouvèrent le ciel et ses quelques nuages.

Sirhan tourne ensuite la tête vers la jeune fille lorsqu'elle reprend la parole d'une façon hachée. Ambroise. C'était très français ça aussi. En anglais ça ferait Ambrose, ou Amber, peut-être.

— Plus original ? Peut-être, mais Rose c'est...

Mais il s'arrête lorsqu'il voit le spectacle de la jeune rose. La seconde d'après, elle avait retrouvé son souffle, mais ses mouvements quasi sous-marins étirèrent le sourire du garçon violet.

— Rose c'est plus représentatif.

D'ailleurs, la traduction de son nom lui rappela un best-seller qu'il avait lu il y avait pas trop trop longtemps. Peut-être quelques mois, tout au plus. Il avait retenu le nom de l'auteur, Amber Rose, mais pas le titre. C'était marrant comment les gens pouvaient avoir des noms qui se ressemblait sans être les mêmes. Même si ici, c'était surtout son surnom qui faisait penser à l'auteur de ces livres. Livre qu'il avait adoré soi dit en passant. Des romans d'enquêtes et policier, il adorait. Car en quelque sorte, ça se rapprochait de ce qu'il faisait lui-même parfois: récupéré des indices pour trouver quelqu'un. Son esprit d'analyse était toujours mis à l'épreuve et il s'était déjà pris à parier avec lui-même pour savoir qui était le meurtrier !

Cette pensée fit briller son regard, alors que le bleu ciel de Rose était caché derrière ses paupières, ses réflexions tout aussi cachées. Pensait-elle finalement à ce qui s'était passé, quelques instants plus tôt, ou était-elle dans un autre monde ? Ça, ce n'était pas quelque chose que Sirhan était en mesure de découvrir.

— Moi, c'est Sirhan Bel-Œil.

Il tressauta à l'audition de ses propres paroles. Mais quel fou ! Belzile, BELZILE ! Pas Bel-Œil ! Qu'est-ce qui lui prenait d'utiliser le pseudo qu'il avait sur le net ? Oui, les yeux de Rose l'avaient attiré, et les siens avaient attiré son attention à elle. Mais ce n’était pas une raison pour perdre les pédales ! Ou alors si ?

Rose est en effet représentatif. C'était pas forcément ton idée au début, mais tu as les cheveux de cette couleur depuis toujours ! Alors forcément, ce mot est venu à la bouche de tout le monde très vite, surtout quand tu as commencé à pondre tes chefs-d'oeuvres. Enfin chef d'oeuvres, si ça se trouve il s'agit d'un pouvoir très particulier qui fait que les gens tombent in love de tes romans aux premières lignes ! Ca serait trop COOL mais d'un autre côté un peu vexant. Bah ouais, si les gens t'aiment ou plutôt s'ils aiment te lire juste à cause d'un pouvoir à la con, autant tout arrêter. Sauf que t'arrêteras jamais, c'est en toi, accroché, comme une moule à son rocher : en partant du principe que la moule aurait fusionné avec l'immensité de l'imaginaire.

Tu tournes ton visage vers ton intercuteur, et touche de ta main son visage. C'est drôle, sa peau est toute chaude. Avec le vent et la transpiration, il pourrait avoir froid. Toi, t'as un peu froid quand même, faut bien l'avouer. Et c'est pas trop avec ta constitution de brindille que tu pourrais avoir assez de graisse pour survivre aux grands vents du nord, blblblbl.

— C'est vrai que tes yeux sont superbes. Ca te va bien, Bel-Œil.

Sirhan c'était un peu plus louche comme prénom. Le mélange entre un syrien et un âne. Non, vraiment, le glamour avait prit la fuite depuis que ses parents avaient décidés de l'appeler ainsi. Mais bon, on ne pouvait pas être beau et avoir un nom qui tue !

Tu ranges ta main dans une de tes poches et en attrape deux sucettes. Tu te mets à en lécher une et en tend une deuxième à Sirhan. Une à la violette, comme ses yeux.

Au final, son erreur n’était peut-être pas si dramatique. Après tout, Bel-Oeil est un vrai nom qui a même été utilisé pour fonder une ville, la ville de Beloeil, au Canada. Il n’était donc clairement pas le seul à utiliser ce nom. Mais ça n’allait tout de même pas l’empêcher de se flageller mentalement pour ce manque de... de travail cognitif.

Elle se tourna vers lui, ce qui lui permit de revoir son visage de face, perdu dans cette masse de rose qui volait un peu à cause du vent frais. Un peu trop frais d’ailleurs, assez pour donner une petite teinte rosé à ses joue. Mais bon, il était habitué à travailler dans des salles climatisées à l’extrême, alors le froid, ça le connaissait.

Mais si le vent était frais, la main de la jeune Rose était elle aussi assez froide, ce qui lui donna un petit frisson. Il eu le réflexe de regarder ailleurs, comme gêné, mais son regard bleu pétillant avait déjà capté le sien. Assez pour qu’il commence à se demander si elle aussi avait un pouvoir, un peu comme Jason. Pourtant, son aura lui semblait tout ce qu’il y avait de plus humain. Du moins, pour ce qu’il en savait.

Ses paroles le rassure un peu tout de même. Elle ne semble pas se soucier du Bel-Oeil. Même, elle trouvait que ça lui allait bien ! La chance ! Maintenant, il n’était plus sûre si c’était le froid qui lui donnait cette couleur coloré ou autre chose. Reste que ce rose couplé à son regard violet devait lui donner un air assez spécial.

Le temps qu’il se fasse cette réflexion, Sirhan se retrouve avant un bonbon violet devant les yeux. Il lança un regard joueur vers la jeune fille. Un hasard que le bonbon soit violet, ou elle l’avait choisie ainsi ?

— Merci, prononça-t-il simplement, autant pour son compliment que pour la sucrerie.

Pour ce qui était de son vrai nom... disons que son père avait peu d’imagination et que sa mère s’en était foutu de façon royale. Après, Sirhan, si l’on gardait l’âne, pouvait très bien devenir un Sir. Bon après, un Sir ne, c’est pas forcément mieux que la réflexion que s’en était fait Rose, mais bon, c’était déjà un peu mieux qu’un âne syrien. Et puis, ça serait bien comme personnage dans un roman de fantasy.

Finalement, Sirhan savoura quelques instant le bonbon à coup de langue. Il était bien ici, la situation était simple, et c’est probablement ce qui lui donnait cette sensation de bien-être. Mais le froid revenait à la charge, et vu les vêtements que portait Rose, elle devait avoir plus froid que lui. En tout cas, sa main avait été assez froide lorsqu’elle l’avait touchée. Pas au point de devenir malade, mais assez pour être inconfortable pour elle.

— Tu n’as pas trop froid ? On peut rentrer si tu veux.

— De rien, réponds-tu du tac au tac.

Après tout, tu ne t'embarrasses pas spécialement de quelconques conventions que tu n'es pas certaine de saisir dans tous les cas. Enfin, si, tu les comprends, mais c'est juste que tu les ignore la plupart du temps. Et c'est pas pour le peu d'interactions sociales IRL que tu as que ça va changer quoique ce soit. Pour toi, pour le monde, pour le beau garçon à côté de toi.

Tu te retournes. Beau garçon ? Oui et non, en fait il est très attirant à cause de ses yeux et des petits reflets trop kawai de ses cheveux, mais à bien le regarder son visage est d'un banal affolant. Enfin, ça te dérange pas.

Quand il te demande si tu as froid, tu remarques que... oui, peut-être un peu. Même beaucoup mais en même temps, fallait pas s'attendre à autre chose, t'es pas très costaude et ta péripétie n'arrange pas les choses. Mais le toit te paraît confortable, alors tu hausses les épaules.

— Et tu veux rentrer où ? Parce que bon, moi...

Qu'tu sois chez toi ou ailleurs, tu te sens pas spécialement à l'aise. Ou alors c'est juste que tu sais pas. t'avais envie de sortir, t'es sortie. Des fois tu préfères rester des journées entières chez toi. Et encore d'autres, tu écris. Même sans le vouloir, mais ça vient, et tu dois tout faire ressortir avant que cela ne disparaisse : un peu comme la vie de manière générale. Autant s'en saisir avant de se voir mourir, même si ressentir la peur de la mort est la seule réelle chose qui te permette d'exister.

Le regard de Sirhan c’était reporté sur ce drôle de nuage en forme de... truc, il ne savait pas trop de quoi il s’agissait dans le fond. Cette conversation, cette rencontre. C’était bizarre quand même, quand il y pensait. Il était parti précipitamment sans réelle raison, avait sauvé une suicidaire, quoiqu’il commençait à en douter, et avait enchaîner le tout avec une discussion assez banale en fait. Du genre, la pluie et le beau temps. Comme si rien ne s’était passé. Mais d’un autre côté, la discussion semblait naturelle au jeune pirate, alors, autant en profiter.

Il la sentit se retourner un autre fois, et Sirhan penche la tête pour la voir le détailler un peu plus en avant. Mais vraiment plus en détail, pas seulement focalisé sur ses yeux. Son regard à elle bougeait en allant d’un élément à l’autre, mais rien ne semblait pouvoir dire ce qu’elle pensait de ce qu’elle voyait.

— Quoi, t’as nulle part où aller ?

Une interprétation de ses paroles comme une autre. Après tout, pourquoi pas ?

Dans tous les cas, elle ne semblait pas vouloir bouger de là, malgré le froid qui caressait leur corps à tous deux. Il lui aurait bien tendu une couverture, mais manque de bol, il n’en avait pas.

— T'as déjà frôlé la mort ?

Ta curiosité te rattrape. Aussi, pouvait-on compter ce qu'il venait de se passer ? Il avait pas vraiment faillis mourir mais parfois l'esprit humain se montrait particulièrement faible dans ce genre de circonstances.

— Et c'est pas que j'ai nul part où aller. Enfin, si, là de suite, j'ai pas grand chose à faire.

Tu fronces les sourcils, peu satisfaite de ta propre réponse. C'était comme si se retirer soi-même le chocolat de la bouche car on ne l'a pas mâcher correctement : ça laisse un goût bizarre, presque amère tout en gardant une saveur sucrée très caractéristique.

— Ou alors je peux aller partout. D'ailleurs, je suis jamais trop sorti de L.A. Mais en même temps j'aime pas spécialement voyager. Ou peut-être que si, mais ça dépend des jours. Mais aujourd'hui j'ai pas envie d'aimer ! ~

Sa façon de parler, tout en contradiction, le fit sourire. Ça donnait l’impression qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Et pourtant, Sirhan était persuadé du contraire. Elle ne semblait pas du genre à ne pas savoir que pensé. Non elle semblait plutôt du genre à choisir que penser. Et sa dernière phrase ne faisait que renforcer cette impression.

Mais sa première phrase le laissa tout de même songeur. S’il avait déjà frôlé la mort ? Probablement que si. Les événements qu’il venait de vivre ne comptait pas à ses yeux : Rose avait faillit y laisser la vie. Lui n’aurait eu qu’à la lâcher pour ce sauver. Il avait vu la mort, mais avait été loin de la frôler.

— Je ne crois pas pouvoir dire ça non. Mais je suis encore jeune... j’ai tout le temps qu’il faut pour la frôler encore et encore.

Surtout dans les prochains mois, voir les prochaines années. La prudence allait être de mise, pour lui et ses semblables.

— Rien à faire... mis à part papoter avec moi ? demanda-t-i d’un air curieux.

Les dernières paroles de Rose étaient marrantes dans cette quantité de contradiction. Probablement la seule phrase tranchée qu’elle avait prononcée dans sa tirade.

— J’avoue ne pas être très voyage moi non plus. Mais je voyage pourtant beaucoup, grâce au net. Toujours plus facile de... communiquer.

Tu as beau avoir posé des questions, tu écoutes à peine les réponses quand tu aperçois un nuage en forme de gâteau au-dessus de toi. Tes yeux brillent de gourmandise, sans complexe. La voix de Sirhan bourdonne à tes oreilles comme si une fourmie tenter de hurler quelque chose à un humain. Elle pourrait s'époumoner que tu ne l'entendrais pas.

Dans ta bulle, c'était le mot. Juste toi avec le ciel, juste toi avec un univers que tu t'imagines survoler à dos de pages écrites, encore et encore. Ta sucette croque sous ta dent car tu es lassée de la léchée. Il y a des fois comme ça, où tu as envie d'aller vite. Est-ce que cela serait pareille avec tes relations sociales ? Tu sais pas trop. Ton esprit semble se raccorder avec la conversation quand on te parle d'internet.

— Oh ? Tu joues à des jeux-vidéos toi aussi ? J'adore les jeux-vidéos !

Tu t'es redressée sur tes fesses, toisant d'un air égayé le jeune garçon à tes côtés. Tu ne tiques pas spécialement sur cette histoire de voyage, tu es de toute façon déjà passer à autre chose. Pourtant, tu prends la peine de hausser tes frêles épaules.

— Communiquer c'est pourtant facile, 'suffit d'ouvrir la bouche et de faire des mots, puis des phrases. Si t'es muet, t'as qu'à utiliser tes mains, je vois pas en quoi ça serait plus facile de parler en ligne.

Rose était bizarre. Hmmm ? Quoi il ne l'avait pas déjà pensé ? Bon d'un autre côté, qui n'était pas "bizarre" à L.A. ? Reste qu'il n'avait pas vraiment l'impression qu'elle entendait ce qu'il disait. Ou du moins, elle n'entendait que ce qu'elle voulait capter. Comme cette référence au NET, qui la fit bondir sur son séant, une étoile dans chaque œil.

— Tu rigoles ? Je passe ma vie sur le net, alors j'ai pas pu passer à côté des jeux !

Surtout qu'il adorait jouer à certains MMO, surtout lorsque ceux-ci permettaient de prendre le contrôle de cambion, comme lui. Il trouvait ça super ironique de jouer, parfois, un pseudo avatar de lui-même, ou de son espèce, dans les jeux. Et puis, le jeu restait toujours super !

Pour ce qui est de la partie communication, il ne vit pas trop quoi répondre, se contentant de lui jeter un regard curieux. D'un autre côté, c'est pas comme si les "problèmes de communication" n'étaient pas connus d'à peu près tout le monde. C'était documenté partout et blablabla... Ouais au final, peut-être qu'elle avait raison. Il lui suffisait d'y mettre un peu d'effort, et d'ouvrir la bouche pour créer mots et phrases.

A peine Sirhan a-t-il le temps de répondre que tu serres tes petits poings devant toi et tu te jettes à moitié sur lui, tes grands yeux sondant une nouvelle fois le violet des siens. Ton sourire et ton excitation ne passent pas inaperçues, et sont même carrément aliénables pour une personne normale ! Mais tout ton corps vibre soudain de passions, réputées comme incompréhensibles pour ton entourage : ou le peu d'entourage que tu as.

— Vraiment ? Et tu joues à quoi ? Si ça se trouve on a déjà joué ensemble, imagine ! En plus je suis SUPER forte à plein de jeux ! Allez diiiis !

Tu pétilles comme une enfant et même temps, ton âge n'est pas très grand. Pas autant que les personnages de tes romans, en tout cas.

C'est avec un cri de surprise que le cambion tomba à la renverse sous l'intérêt TRÈS marqué de Rose. Enfin, elle était toute calme il y a de ça deux secondes et là, elle avait limite le sourire du Joker. Bon, en moins creepy et en beaucoup plus jolie, mais ça avait la même force d'impacte: on ne pouvait voir que ça sur son visage. Mais d'un autre côté, Sirhan adorait autant les jeux qu'elle. Il savait ce que c'était que de se plonger dans ces mondes, là où tout pouvait arriver. Il avait seulement moins le comportement d'une pile électrique que la jeune fille.

— À peu près à tous les MMO ! répondit-il dans un rire face à son excitation. Alors oui, on c'est probablement déjà croisé. Peut-être même nous sommes-nous battus si ça se trouve.

Sirhan se remit doucement sur son séant, ne manquant pas de plonger une nouvelle fois dans le bleu de ses yeux. Des yeux agrandis par l'excitation extrême, qui était arrivée d'un seul coup. En fait, il se rendait compte qu'il était plutôt rare de rencontrer des gamers hardcores IRL. Cette Rose recelait bien plus de surprise que la simple suicidaire qu'il avait d'abord remarquée sur de simples caméras.

Tu jubiles et te met à faire un espèce de petit ronronnement dont toi seule à le secret. Se battre ? Probablement, tu étais presque numéro 1 dans chaque jeu auquel tu jouais tant tu y passais du temps. Mais parfois, tu te laisses, sans raison apparente, et ton pseudonyme se perd dans les tréfonds des scores telle une étoile filante, pour mieux revenir quelques semaines ou mois plus tard. Ce qui fait que, même si tu n'es pas LA meilleure partout où tu vas, en général on parle de toi comme le loup blanc, un étrange personnage capable de malmener n'importe qui à haut niveau puis de disparaître sans laisser de trace. Et encore, tu te dis que ça serait encore plus drôle si tu étais informaticienne.

— Nyahaha. J'ai dû probablement gagner un bon nombre de fois avant de disparaître sur les jeux que tu connais. Mais c'est pas ma faute ! Des fois, je m'ennuie...

Ton visage change du tout au tout. Enfin, pas vraiment. Tu continues de sourire mais tes yeux ont dérivés sur la bouche puis sur le cou du garçon en face de toi. Il est jeune, peut-être a-t-il ton âge. Il a supposé tout à l'heure avoir du mal à communiquer quand il sortait de derrière un écran. Aussi tes sourcils se froncent légèrement.

— T'es pas du genre à sortir souvent, hein... pourquoi t'es venu me chercher ?

Car voilà bien un mystère que tu ne résoudras pas toute seule : peut-être que ton héros de roman, lui, pourrait y arriver.

Les paroles du jeune homme semblent avoir un effet certain sur la gameuse, qui en ronronne d'une manière des plus particulière, ce qui donnait un air adorable à son visage. En tout cas, elle semblait plus qu'apprécier le sujet.

Ah ça... À peu près tous les gamers devaient se retrouver devant cet état de fait parfois. Lorsque le joueur est tellement retourné le jeu dans tout les sens qu'il n'en trouve plus aucun bénéfice, que ce soit en termes de plaisir ou de challenge, ou de tout ce que recherche un joueur. Pour le coup, il pouvait parfaitement comprendre cet ennui. Du moins, si c'était bien ce genre d'ennui qui venait frapper Ambroise parfois.

Seulement, au moment où Sirhan allait répliquer pour dire que quand même, elle était assez sûre d'elle, sans toutefois être vantarde, son expression changea, comme si une nouvelle pensée lui transperçait la tête telle une balle de 12. Et la question qu'elle pose juste après lui fit prendre conscience que... bah il ne savait pas vraiment plus que lorsqu'il s'était élancé depuis l'endroit ou il était, bien peinard, en train de s'ennuyer. Aussi, le cambion ouvrit la bouche, mais ne dit pourtant rien. Son regard violet exprimait bien le questionnement qu'il se faisait à lui-même et l'une de ses mains vint s'accrocher à son coude.

— Eeh, je... Enfin. Je ne sais pas. Je veux dire, je t'ai vu et, l'instant d'après... j'étais là, en bas.

Il se mit à ricaner bêtement, inconfortable. Il n'arrivait pas à trouver une raison. Oui, il s'ennuyait, mais ce n'est pas ce qui la fait sauter sur ses jambes. Oui, il avait cru l'avoir vu quelque part avant, de façon très vague, mais ce n'en était pas la cause non plus. Alors, peut-être était-ce son sourire lorsqu'elle regardait le vide ? Ce brin de folie qui semblait la caractériser lorsqu'elle montait les escaliers ? Ou alors, c'était simplement une réponse de son corps au choc d'adrénaline lorsqu'il avait compris le but de cette montée fatale.

— C'est bête, je sais. Mais, j'ai beau réfléchir... je ne vois pas. Peut-être qu'il n'y avait pas de pourquoi, et juste un "t'es venu".

T'es pas satisfaite. Tu le montres pas car t'es une fille intelligente, l'air de rien, mais tu trouves les réponses de ce garçon vraiment bizarre. Tu te contentes de lécher ta sucette tout en venant te mettre à califourchon sur les jambes de Sirhan. Une manière de l'emprisonner, au moins moralement : il ne devrait pas avoir envie de la repousser, pas avec ce regard, cette attention. Et puis à en croire ses paroles, il est pas très à l'aise pour parler aux gens. Au pire, il te prendra pour quelqu'un de pas mal siphonné, si ce n'est pas déjà le cas. Est-ce que tu lui plais ? Peut-être, tu as déjà lu et écris ce genre de scène alors tu sais comment ça se passe.

— Tu m'as pas demandé pourquoi je voulais me suicider, tranche-tu soudainement.

Mais tu gardes un ton neutre. Effroyablement neutre, comme si toute la joie et l'éclat de lumière dans tes yeux s'étaient dissipés en un éclair : enfin, là encore, tu en jouais. Bonne actrice ? Bof. C'est juste que tu aimais bien te laisser guider par ton corps et tes envies par pur plaisir. Mais ça ne te rendait pas spécialement bête. Non. Alors tu le fixes. Tu le fixes et tu guettes ses gestes, ses mimiques. Est-ce que tu le perturbes, ainsi assise sur lui ? Tu l'espère ! Ca ferait de l'animation.

— Et ça, c'est louche.

— Oh mais tu fais quoi là...

Suite aux paroles de Sirhan, la jeune fille se leva pour venir s’asseoir sur ses jambes, les emprisonnant avec les siennes. Ce simple geste eu pour effet de fermer un peu le visage de Sirhan, qui amorça comme un mouvement de recule... qu’il ne pu faire à cause du poids de la jeune fille. Oui, tout à l’heure, ils avaient été très proche l’un de l’autre, mais sa résultait de son sauvetage, de l’élan qu’ils s’étaient donnés. Mais là, ça le mettait mal-à-l’aise. Il ne la connaissait même pas depuis une heure. Mais d’un autre côté... il ne se voyait pas partir, ou la repousser. Du moins, pas de façon aussi brutale et définitive.

Aussi, il s’arracha difficilement à son regard hypnotique. Une mèche de cheveux vint lui cacher un oeil, laissant l’autre libre de papillonner autour du visage de Rose, sans osé s’en approcher. Un peu à la manière d’un papillon de nuit qui tourne autour d’une lumière.

Puis vint sa question, qui le fit tressaillir, tellement il ne s’y attendait pas. Lui demander pourquoi elle voulait sauter ? Mais il pensait qu’elle ne le voulait pas ! Et puis, sans même regarder ses yeux, il avait l’impression qu’ils avaient plonger dans une noirceur qui cachait leur pétillement bleuté. Et puis, en quoi s’était louche ? Cette dernière phrase l'avait blessé. Il n’avait pas envie de répondre à ça, mais le regard insistant de Rose le transperçait tel un sabre laser de Jedi.

— Tu aurais voulu que je te le demande toi ?

S’il avait voulu avoir une voix sûre, c’était raté. Il avait pas chuchoté, mais disons que son malaise n’aidait pas.

Ta langue passe sur la sucrerie que tu tiens de deux doigts comme si elle venait presque caresser la joue du Bel-Oeil. Tu ne le lache pas des yeux, ressentant toute la tension dans ses muscles : mais en même temps avec la proximité de vos corps, c'est pas la chose la plus difficile à découvrir. Son visage s'est refermé, il est pas à l'aise. Tu te demandes s'il a quelque chose à cacher au vu de sa réaction : c'est vrai quoi, qui, à part toi-même, n'aurait pas demandé à quelqu'un sur le bord du toit d'un immeuble pourquoi il était là ? D'où la légère brusquerie dans tes propos : mais en même temps, c'était le meilleur moyen de provoquer des réactions. Et c'est surtout que t'étais pas forcément capable de faire autrement, aussi; Fallait en avoir conscience.

Cette fois tu fronces légèrement les sourcils.

— Tu réponds pas à la question.

En fait, c'est presque vexant. Tu te lèves sans plus le regarder, décidant de manière totalement arbitraire que le ciel était plus joli que ses yeux. Bon, ok, c'était un petit mensonge car vraiment, tu trouves ses yeux superbes... mais il veut pas te dire la vérité.

— C'est injuste, moi j'ai été honnête avec toi. Va t'en.

Une fois levée, tu hésites quand même. Prendre la porte ? Bof, les escaliers sont fatiguants. Finalement, tu te retournes vers le bord, mais avec beaucoup moins d'enthousiasme. Tu prends place en faisant un peu plus attention et laisse tes jambes balancer dans le vide. Les gens ont tendance à cacher la vérité, tout le temps. Et toi, tu trouves clairement ça nul. Les mensonges, ça devrait être réservé aux méchants de livres, ou des meurtriers. Tu souris en te disant que le mec derrière toi est peut-être un meurtrier.