Uuuh ~ So excited ~ CRACK | PV • SIRHAN | |TERMINÉ|

Du coin de l’oeil, le cambion vit la jeune Rose froncer les sourcils. Mais qu’avait-il dit ? Il était sérieux dans sa réponse ! Lui, s’il avait eu des problèmes, il ne se serait pas forcément confié à la première personne venu. Sa question restait légitime à ses yeux. Mais apparemment, pas à ceux de son interlocutrice, qui le fixe pendant quelques instants supplémentaire avant de se lever, rompant d’un coup tout contact qu’elle avait avec lui.

En premier lieu, il en fit soulagé. Mais il fronça bien vite les sourcils lorsqu’elle sembla l’accuser de tricherie dans cette discussion. Où avait-il triché ?

Lorsqu’elle t’a demander pourquoi.

Il secoua la tête, comme s’il voulait se débarrasser de cette pensé, qu’il savait pourtant vrai. Pourtant, il dérailla bien vite lorsqu’il remarqua que Ambroise s'était retourné vers le rebord. Il sentit un moment de panique incontrôlé, jusqu’à ce qu’il vit qu’elle n’avait nullement l’intention de sauter. Du moins, pour l’instant.

Ignorant ses derniers mots, il se leva et s’approcha d’elle pour poser une main sur son épaule, nerveux. Un main qui resta en l’air quelques secondes avant de se poser.

— J’ai été honnête. Enfin... enfin je croyais. Mais s’il-te-plait, éloigne toi du bord, demanda-t-il d’un air un torturé. C’est... je crois que c’est a cause de toi...

Voilà, il l’avait dit. Et dire qu’il osait seulement pas se l’avouer à lui-même. Il avait triché oui. Mais pas contre elle. Contre lui-même.

Tu ne savais pas que quelqu'un pouvait être aussi ennuyeux. Quand il te touche l'épaule -car même si tu ne le vois pas, ça ne peut pas être quelqu'un d'autre que lui- tu fronces encore plus les sourcils et ne te retiens pas de grogner. C'est bon quoi, c'est pas comme si tu allais vraiment sauter ! Puis t'es assise là qu'est-ce qu'il a ? Fallait réfléchir un peu avant de te mentir ! Tu fourres violemment ta main dans ta poche et en retire un nouveau bonbon : tu le gobes sans vraiment le mâcher, même si tu passes pour une espèce de dérangée du sucre. Est-ce que ça t'importe ? Absoluement pas ! Tu as les cheveux roses, tu as l'habitude que les gens te regardent bizarrement. Mais celui-la... quel pot de colle !

— A cause de moi ? A cause de moi que tu mens ?

Le choc remplace finalement l'agacement et les froncements de sourcils. Alors celui-la, il est gonflé ! Tu tournes la tête vers Sirhan avec une immense envie de le gifler. Mais tu ne fais rien. Curieuse, tu attends son explication qui a intérêt de venir. Sinon quel intérêt ? Tes yeux le percent, du moins tu le souhaites, histoire qu'il réalise un peu à quel point il vient de se montrer désagréable.

— Tu as déjà tué quelqu'un ?

Car sinon, pourquoi est-ce qu'il mentirait ? Et s'il voulait te pousser ? Ca serait plus vraiment un suicide... alors s'il a peur que tu te suicides, il n'a juste qu'à te tuer.

Je devrais peut-être m'éloigner du bord quand même.

— Quoi ? Mais non, pas du tout ! Je parlais de la cause de ma venue ! Je suis venue, à cause de toi.

Sirhan relève tout de même la main lorsqu'elle se met à grogner. Bon, d'accord, il ne la touche plus. Mais ces mouvements brusques et son regard hostile lui en disent long sur ses états d'âme. Au moins, à moins de glisser, il devenait clair que ses intentions n'étaient plus de se jeter en bas. Ce qu'elle montrait était bien trop vif et vivant, malgré sa colère, pour être l'attitude d'un suicidaire.

— Tu sais, un peu comme un héros de roman. Quand il voit quelqu'un en danger et que, sans prévenir, son corps bouge tout seul, sans son accord. Et quand il vient pour expliquer... bah ça fait comme en ce moment, il ne l'explique pas.

Mais sitôt son explication terminée, elle enchaîna avec une question plus qu'étrange. S'il avait déjà tué quelqu'un ? C'était une question piège ? Où étaient planqués les micros ? Surtout que bon, s'il n'avait jamais causé directement la mort de quelqu'un, la vente de certaines informations avait très bien pu résulter à la mort de quelqu'un.

— Jamais directement, non. Mais certaine de mes actions on peut-être pousser d'autres à le faire. Un peu en mode "cause à effet".

Donc non, Ambroise n'avait rien à craindre de Sirhan. Sauf si elle lui sautait à la gorge, mais à ce moment-là, c'était de la légitime défense. Mais ça ne semblait pas être le cas de la jeune rose. Quoi que, le demi-démon pouvait très bien être surprit.

Olala, tu comprends tellement les gens qui MEURENT d'ennuie ! Juste avec la première réplique de Sirhan tu pourrais quitter cette terre, pour peu que tu ne sois quand même pas attachée à ta vie. Et pour le coup c'est le cas, alors il est plus sage de rester là où tu es. Ton visage ne respire que la lassitude et l'agacement. Tu souffles du nez, te frappant le front avec le plat de ta paume. Evidemment qu'il était là à cause de toi ! Mais ce n'était PAS la question ! Tu fais un peu plus attention à ce qu'il te dit lorsque Bel-Oeil évoque un sujet que tu connais bien : les héros de roman. Mais la suite ne te convainc pas, loin de là. Quoiqu'aborder un sujet que tu maîtrises a au moins l'effet de te calmer sur l'instant. Même le vent te paraît plus doux, plus tranquille, comme si ton esprit avait une liaison effective avec les bourrasques : mais il est quand même plus probable que cela ne soit que tes perceptions changeantes qui te font ressentir ça de cette manière.

— C'est réducteur pour un héros de roman, ça se voit que t'y connais rien. Ou alors, t'es un héros bidon qui a jamais souffert de ta vie et qui n'est qu'un illuminé qui va se mettre à sauver tout ce qui bouge, c'est nul !

Tu croises les bras contre ta poitrine, un peu boudeuse.

— Mes héros sont mieux...

Mais tu ne les as jamais rencontré en vrai. T'aimerais bien, pourtant, avoir la capacité de faire vivre non pas tes histoires mais au moins tes personnages. Sauf que c'est un idéal que tu n'atteindras pas... car les hommes ne possèdent que le pouvoir de la science, de la poésie et de l'imagination. Tu as au moins le dernier, avec un minimum de talent pour le faire vivre.

— Bah du coup tu les as tués ou pas ? t'agaces-tu.

Tu as une nouvelle fois tournée la tête vers lui. Il a pas l'air méchant, mais il a pas l'air de comprendre les questions que tu lui poses. Tu veux pas entendre des réponses à demi-mots bizarres, c'est pénible et ça demande un gros effort d'analyse ! Et puis la vue est si belle. Il exagère de lui prendre la tête là maintenant de suite !

Malgré ses gestes plus qu'équivoque et son visage expressif, Sirhan se mit à rire d'un éclat jaune. Lui, sauver tout le monde ? Et puis quoi encore ? Quoique, vu ce qui venait de ce passé... son rire s'étrangla tout seul.

— En effet, je n'y connais rien. Mais l'image me parlait alors...

Et puis, il était vrai que les livres et tout ça, il n'y connaissait pas grand-chose. Il lisait, parfois, quand il avait les yeux trop fatigués pour rester devant un écran, mais l'esprit trop actif pour faire un somme. Mais il était loin d'être écrivain. Loin d'en connaître les codes et les usages.

— Tes héros ? Tu écris ?

Pourtant, son agacement ne lui fait pas grand-chose lorsqu'elle repose sa dernière question. Il avait la tête relevée vers le ciel, refusant d'y voir autre chose que ses propres pensées. Ses mains avaient trouvé le chemin de ses poches, comme pour ce cache.

— Non, finit-il par lâcher d'un ton affreusement neutre.

Toujours en fixant le ciel, il lui retourna pourtant sa propre question. Pas par curiosité, ni même par revanche, non juste pour éloigner le sujet de lui-même.

— Et toi ?

Tu hausses les épaules, les yeux clos et les paumes vers le ciel.

— Les gens parlent touuuut le temps sans savoir. En fait, t'es assez normal comme type.

Et ce n'était pas un défaut. Quoique, tu aimes bien les excentriques, mais pas trop non plus ! Juste un peu fous... ou un peu normaux. Comme toi quoi ~ comment ça, pas crédible ? Tss. Quoiqu'il en soit, Sirhan n'a toujours pas répondu à tes premières questions mais en même temps elles te sont un peu sortir de la tête.

— Bah évidemment que j'écris, comment j'aurais des héros sinon ?

Tu es presque surprise par la question ! C'est quoi ça encore ? Aaaah lala. Tu te dis que les gens n'ont vraiment pas le sens du minimalisme. Parler pour ne rien dire ou parler pour vérifier quelque chose qu'ils savent déjà... toi, quand tu poses une question, c'est parce que tu connais pas la réponse ! Quel est l'intérêt de communiquer, sinon ? Entendre des choses qui nous font plaisir ? Et puis quoi encore ! Autant se parler tout seul... et même là, tu n'es pas certaine d'arriver à un raisonnement satisfaisant.

— Mmmh, quelques dizaines, j'imagine ? Il y en a tellement ! t'exclames-tu en secouant les bras, penchant dangereusement en avant par la même occasion.

Ça le fit sourire. Un type normal. Si seulement elle savait. Si seulement la normalité existait dans le monde dans lequel il plongeait de plus en plus. Un monde drastiquement différent de celui de Rose. Pourtant... il se demandait s'il aurait voulu autre chose. Probablement pas, il tenait bien trop à ce qu'il était.

— Tu aurais pu avoir un héros dans un film. Ou alors un héros IRL. Ou tout simplement un héros dans ta tête. Pas besoin d'écrire pour avoir un héros. Ce n'est qu'une façon parmi tant d'autres pour les faire vivre.

Mais Sirhan hausse des sourcils à sa dernière réponse, ce doutant un peu d'où venait ce chiffre. Non, mais ce n’était pas du jeu sinon aussi. Ça pouvait être marrant de calculer comme ça, mais fallait le dire au début aussi.

— Les morts dans tes romans ne comptent pas, Rose, ce n’est pas du jeu sinon. Et les morts dans les MMO n'ont plus.

Tu gonfles les joues, chafouin. Pourquoi ça compterait pas ?! Bon ok, tu étais peut-être un peu de mauvaise foi sur ce coup là. Tes jambes se balancent avec tranquillité dans le vide avant que tu ne rendes les armes.

— Ok, ok... alors non, je n'ai jamais tué personne.

Une petite moue se dessine sur ton visage. La réponse de Sirhan ne te plait toujours pas, mais tu lui reconnais au moins une étrange capacité à rester là, à t'écouter, à te parler. Et il t'ennuie pas tant que ça, au final. Tu aimes ses yeux, tu aimes sa voix. Il a des réactions banales mais attachantes. Il ferait un mauvais sidekick. Plus du genre à se terrer dans son coin en attendant que la guerre passe. Mais ça pourrait en faire un bon allié, en tant venu. Enfin, ça, c'est si tu étais dans un roman.

— Il n'y a pas de héros dans la réalité, car notre monde n'est pas une histoire. Nous ne sommes qu'à peine les personnages principaux de nos propres vies, et encore même ça c'est discutable. Je n'ai pas de héros car il n'y a personne qui ne me donne de raison de vivre.

La bouille de Rose ramena un semblant de sourire sur le visage de Sirhan. Les réactions physiques de l'écrivaine lui faisaient penser à celle d'un enfant, en quelque sorte. Bien que l'esprit derrière ses grimaces était bien moins enfantin. Il n'arrivait pas vraiment à la cerner, mais c'était quelque chose qu'il commençait à aimer franchement.

Elle lui renvoyait l'image quand même de quelqu'un d'assez seul. Seule dans l'écriture, seule dans les jeux. Seule sur ce toit aussi, avant qu'il n'arrive. Pourtant, elle lui semblait assez sociable, bien que crue dans ses propos. Mais peut-être ne trouvait-elle personne d'intéressant ? Après tout, lui aussi n'avait jamais été très entouré. En tout cas, ces paroles semblaient confirmer ce sentiment que le cambion avait à son égard.

— C'est une vision bien grise de notre monde. Mais probablement aussi l'une des plus réalistes. Mais c'est le genre de chose qui se discute, en effet.

Il pencha ensuite un peu la tête de côté. S'il n'y avait personne pour elle, personne pour la retenir ici...

— Alors, pourquoi es-tu encore ici, et pas en bas, si personne ne te retient ici ?

— J'trouve pas. Le monde est plein de couleurs, mais elles se fanent plus vite que des tulipes, et finissent même par devenir d'un morne sans égal.

Est-ce que cela signifiait que tu avais une vision grise du monde ? Bien au contraire de ton point de vue : tu le voyais même avec les yeux d'une enfant la plupart du temps ! Enfin, c'est ce qu'on te dit souvent. Même si cela ne t'enlève pas la mâturité de tes textes ou tes façons d'agir parfois excentriques. Dans le fond, tu aimes jouer les rôles des autres, tout en gardant une authenticité que tu es la seule à posséder. Par contre, t'es pas bien sûr d'avoir compris sa dernière question.

— En bas ? Bah j'y vais souvent en bas, c'pas comme si on était capable de voler...

Tu arques un sourcil, un peu perdue par sa déclaration. Quelle était le rapport ?...

Le hacker hocha lentement de la tête. Il voyait à peu près ce qu'elle voulait dire. Enfin, il l'interprétait selon ce que lui pouvait en comprendre. Mais selon lui, si les couleurs se fanaient rapidement, elles pouvaient aussi très bien resplendir à nouveau. Soit avec le temps, soit avec un petit coup de pouce.

— À là, je ne suis pas d'accord moi aussi. Le gris n'est pas forcément morne, de mon point de vue. Le voir reprendre des couleurs est aussi intéressant je trouve.

Mais il releva un sourcil. Bon, c'est vrai qu’après tout, il n'avait pas été très clair dans sa dernière intervention. Un peu comme s'il lui avait demandé pourquoi elle n'était simplement pas partie lorsqu'il l'avait éloigné du bord la première fois. Limite elle aurait pu mal le prendre, mais non. Elle avait tout pris au premier degré. Il s'était fait la réflexion qu'elle était comme une enfant, il y a de ça quelques instants. Ça lui retombait dans la figure.

— Ah... désoler, je n'ai pas été bien clair. Je voulais dire... pourquoi tu n'as pas sautée alors, si rien ne te donne de raison de vivre ?

L'avantage avec toi, c'est qu'il était difficile de te facher pour une opinion de point de vue. En même temps, des centaines de personnages différentes résident dans ta tête, avec chacun un comportement et une manière de pensée unique. Alors quand Sirhan te dit qu'il n'est pas d'accord... tu acceptes. Si tout le monde était comme toi, ça se saurait !

— Aaah, je comprends mieux ta question !

Puis, avec un grand sourire comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde :

— Bah j'avais pas l'attention de sauter. C'est pas parce que rien ne me raccroche à cette vie que je dois la laisser s'échapper. C'est même d'ailleurs la chose la plus précieuse au monde ! Mais des fois je l'oubli. Alors pour me rappeler que j'aime vivre, je la mets sur la balance en m'approchant de la mort sans l'embrasser. Comme ça, j'oubli pas que je tiens à la vie, et qu'elle est merveilleuse.

C'est avec un grand rire que Sirhan se rapprocha finalement pour venir passer ses jambes dans le vide, de la même façon que Rose. Son point de vue était fou, et beaucoup penseraient qu'il lui manque une case. Mais le pirate voyait avant tout la logique dans son résonnement. Rien ne la retenait, mais elle aimait être là, tout simplement. Bon, il ne pensait pas trop avoir compris la partie "oubli", mais probablement que la compréhension de ce principe était seulement trop simple pour qu'il le voie comme le voyait son interlocutrice.

— Je me sens assez con tout à coup, d'avoir paniqué pour toi, lui dit-il finalement avec un sourire, les yeux perdus sur la ville. Mais je ne peux qu'être d'accord. La vie vaut la peine d'être vécue, peu importe de quoi elle est faite.

Il serra un peu le poing, alors que son talon gauche venait taper sur le mur. Même avec les problèmes que les autres, et bientôt lui-même probablement, allaient rencontrer, la vie était trop belle. Ne serait-ce que pour voir ce qu'il avait vu avec Keith. Et il ne comptait pas la perdre.

— Et elle vaut la peine qu'on se batte pour rester en vie.

Son visage se fit soudainement plus dur. Il ne savait encore presque rien de ce conflit dans lequel il s'enfonçait doucement. Ça lui faisait peur, ça lui avait fait perdre ses moyens devant Erelyth, ça venait bousculer sa vie et ses convictions. Mais il n'allait pas se laisser faire pour autant.

Une petite pointe de chaleur te saisit de ta poitrine lorsque tu sens le jeune garçon prendre place à tes côtés. Tu n'es ni solitaire... ni sociable. Tu es toi, un peu inclassable, mais habituée à être seule, oui. Tu n'apprécies pas spécialement ça, tu apprécies les gens. Enfin, de temps en temps. Et puis d'autres fois ils t'ennuient. Le genre humain est paradoxal t'aurait-on dit, un jour de flânerie où tu n'écoutais qu'à moitié.

En tout cas la conclusion te plaisait bien plus.

— Même s'il faut un peu la brusquer régulièrement pour s'en rendre compte...

Ton sourire devient presque malsain, à cet instant. Tu te penches légèrement vers le vide. Tu risquerais tellement de glisser, à tout moment. Tu rigoles. Tu t'es rarement sentie aussi libre.

─ Elle, ou les gens qui nous entourent.

Un peu comme ce qu'elle venait de faire avec lui. Après tout, la frayeur qu'elle lui avait causée, puis ce retournement concernant le mensonge, puis finalement cette espèce de morale qu'ils s'échangeaient, les pieds dans le vide. Au final, elle l'avait un peu brusqué, sans s'en rendre compte, pour qu'il réalise qu'il n'était peut-être pas assez actif dans sa propre vie et qu'il allait avoir besoin de se bouger le cul s'il voulait la garder.

Sirhan lui sourit, après tout, elle l'a réveillée. Si son sourire à elle le fait presque frissonner, il ne réagit pourtant pas à son mouvement: il s'avait qu'elle n'avait nullement l'intention de ce jeter en bas. Du moins, d'après ce qu'elle disait. Mais il serait dur à croire le contraire après la discussion qu'ils avaient eue. Aussi, ne fait-il rien pour la tirer en arrière, même si, par réflexe, ses muscles se tendent un peu.

En tout cas, ça ne lui donnait que de bonnes raisons pour reprendre contact avec la leader présumée des survivants d'Eden Lake. Mais rien ne pressait, il avait encore le temps. Et puis, la vue de la ville était vraiment belle, malgré le froid.

Tu restes ainsi de longues minutes, le regard dans le vide, avant de brusquement tomber le dos en arrière sur le bitume pour revoir le ciel. Des nuages commencent à se former et, malgré le soleil brillant qui règne encore en maître au-dessus de leur tête, tu sens presque l'odeur de la pluie te saisir les narines. Tu te sens partagée entre l'envie de rentrer chez toi et celle de continuer à rester là : mais le quartier commence à se fâner sous tes yeux.

─ On devrait pas rester là, il va pleuvoir.

Oh pas que ça te dérange outre mesure. Non, tu prononces même cette phrase en souriant. C'est plus un problème de... de... eh bien du fait que tu ne sois pas très costaud et que tu ais déjà froid. D'ailleurs tu frissonnes de manière plus vive. Tu n'as toujours pas réussis à te réchauffer de ta grande suée d'il y a quelques temps et ça ne va pas aller en s'arrangeant : ton nez te fait éternuer, signe qu'il ne vaut mieux pas trop tarder non plus.

─ Je vais rentrer... j'crois. Et puis j'ai une idée d'implantée dans la tête... ça fera plaisir au manager.

Lui qui a sans arrêt peur pour ta vie. Ca lui fera en effet plaisir de savoir que tu es chez toi en train d'écrire le prochain best-seller plutôt que sur un toit en train de jouer avec ta vie. Mais bon... ça, il n'était pas obligé de le savoir !

— Ouais, je crois que je vais faire pareil aussi. J'ai quelqu'un à aller voir.

Il repassa les jambes du bon côté, époussetant un peu sa veste. Ce moment lui avait fait du bien au final, bien plus que ce que Ambroise pouvait l'imaginer, si seulement elle l'imaginait.

— Tu m'en donneras des nouvelles alors. J'espère que l'on pourra se refaire une discut', à un moment ou à un autre. C'était... vraiment sympa.

Il lui offrit un sourire, les yeux brillants, avant d'aller ouvrir la porte pour descendre. Il hésita quelques secondes avant de se retourner vers elle.

— À la prochaine Rose.