|Gravity Falls| Le retour du jambon |PV•ERHIS||TERMINÉ|

Oh bah oui ma chère Erelyth, bien sûr qu'on va venir t'aider, hahahaha.

BORDEL !

La démone pestait. Ca faisait maintenant une bonne semaine qu'elle s'attelait au ménage, dépoussiérage, elle contactait les vitriers, artisans, elle se débrouillait en même afin d'être suffisamment disponible pour les uns et les autres... pour se retrouver toute seule dans cette grande bâtisse.

Une pause. Erelyth se demanda tout de même ce qui la mettait sur les nerfs. La découverte de sa sœur amnésique ? Peut-être. Mais plus qu'Erhis en elle-même, c'était la partie "amnésie" de la chose qui la rendait suspicieuse. La démone à la queue d'écailles n'était pas reconnut pour son jeu et ses manipulations : elle était même plutôt honnête pour une occulte. Non, ce qui agaçait son aînée, c'était l'idée que les responsables de son état puissent être des gens du gouvernement.

— M'enfin... on va pas trouver de solutions dans l'immédiat.

Surtout avec Daemon, Ash ou putain de personne qui n'était passé la voir depuis cette découverte. Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient tous fabriquer ? Ils étaient SI occupés que ça ? Bon. Les Kane n'étaient que des humains, paranos et pour au moins l'un d'entre eux un peu recherchés. Il y avait aussi tous ces demi-démons mais pour des démons et des vampires ? C'était quoi leur excuse ? Même Malphas n'avait pas encore daigné poser le pied ici.

Un soupir. Ca ne servait à rien de s'énerver. Erelyth partie dans son arrière-boutique, à la recherche de son téléphone... introuvable. Génial. La démone avait comme toujours une aura d'humaine, désireuse de ne pas se faire emmerder. Ses longs cheveux étaient lachés sur ses épaules, sur un top assez court et un jean abîmé. Faudrait qu'elle aille faire les boutiques. Un jour. Mais là, pas le temps. Les vitres étaient encore cassées.

Erhis nageait dans un océan d'incertitude. Elle ne s'était jamais sentie aussi perdue qu'en ce moment précis. L'amnésie était vraiment un handicap compliqué à supporter, malgré un premier apport d'informations assez conséquent de la part de sa..."sœur".
Bien qu'elle n'ait aucune certitude concernant le fait qu'Erelyth soit bel et bien sa sœur, elle en était presque sûre et certaine au fond d'elle-même. Et de toute manière, remettre en cause cela n'était pas vraiment dans son intérêt pour le moment.
Après une première discussion avec Erelyth, Erhis était partie vadrouiller dans les alentours du bâtiment de manière à se situer, vêtue de vêtements de fortune, et la queue à l'air, n'essayant même pas de cacher sa nature dans son inconscience. Rapidement, elle avait attiré les regards, et bien malgré elle, elle avait dû couper court à sa petite escapade.
Rentrant donc auprès de sa sœur, elle prendra un ton innocent.

— Hem...C'était sympa dehors, mis à part toutes les personnes qui me dévisageaient.

Elle prendra place sur un tabouret, une chaise, ou quoi que ce soit qui pourrait supporter son fessier, sa queue se balançant doucement derrière.

— Par contre j'ai quelques questions. Manifestement, il va falloir que je gagne ma vie. T'as pas une idée sur ce point là ? Quelque chose de pas trop fatiguant si possible.

Elle poussera un soupir et affichera une tête de six pieds de long. Elle n'avait AUCUNE idée de quoi faire présentement.

Sentant arriver Erhis avant de la voir, Erelyth prit une pause dans ses fouilles pour aller lui servir sa boisson favorite, du moins au mieux qu'elle s'en rappelait. Leur dernière rencontre avec ces étranges retrouvailles remontaient à... peut-être un siècle ou deux. Quelque chose comme ça. La diplomate sourit en s'imaginant les regards tournés vers sa soeur à sa sortie. Cette andouille n'avait même pas réfléchit au fait qu'un démon dans un monde humain pouvait se voir. Et non, ce n'était pas spécialement l'inquiétude qui rongeait la brave Erelyth, bien que le danger qui planer sur leurs têtes soit réel.

Erhis s'installa et trouva alors une préparation à déguster face à elle. Erelyth de son côté se servit un grand verre d'eau parfumé avec un peu de sirop, histoire de ne pas trop se couper dans son élan du jour... voire de la semaine. Enfin, une petite pause pour discuter et pour voir sa soeur pleurnicher n'était pas désagréable non plus.

Erelyth s'installa face à son interlocutrice, fixant de ses yeux mauves le bleu très pur d'Erhis. Sa tête penchée sur le côté laissait tomber ses longues mèches d'albâtre, tandis que l'autre lui faisait comprendre comment sa petite promenade s'était retrouvée écourtée.

— Étonnant, c'est comme si les humains n'étaient pas habitués à voir des écailles, une queue et des yeux de démon ! railla l'aînée en secouant la tête.

Mais cette dernière arbora un visage assez doux. Les deux démones n'étaient pas les plus proches de la fratrie... pourtant, l'une s'était toujours montrée cordiale avec l'autre. Même si le pragmatisme innée d'Erhis pouvait parfois rentrer en conflit direct avec l'excentricité ouverte d'Erelyth : cette dernière n'était de toute façon pas beaucoup resté en contact avec leurs frères et sœurs. Enfin, elle les évitaient du mieux qu'elle le pouvait, la plupart du temps.

Erelyth eut un léger rire face au visage de sa soeur, et l'invita à boire une gorgée avant de continuer.

— Allez, fais pas cette tête. Une idée de travail ? Et bien écoute, tu te trouves actuellement dans un futur lieu de beuverie et de décadence que l'on appelle bar, mais qui sera aussi un repère de mafieux vu le quartier ainsi qu'un refuge pour occultes. Tu peux être au choix serveuse, ou dans la sécurité du bâtiment... et si ça t'amuse, je pourrais toujours t'envoyer faire les courses.

Erelyth s'étira un peu, ses muscles la lançait par moment.

— Sinon, tu peux jouer les humaines et aller te trouver un travail un peu là où tu le souhaites. Je suis restée éloignée de la ville pendant une décennie, mes contacts ne sont plus très frais à l'exception d'un ou deux mais, je pourrais toujours voir ce que je peux faire. Par contre...

La démone fit un petit geste du menton vers sa soeur, non sans sourire.

— Les yeux et les oreilles, tu peux faire passer ça pour une excentricité désirée. Les humains en raffolent ! Par contre, les écailles et la queue, va falloir un peu masquer ça...

Erhis observa avec attention la boisson préparée par sa sœur. Chaque objet, chaque petite chose retenait constamment son attention, comme si un fragment de sa mémoire allait lui être rendue à force de la fixer. Mais c'était toujours en vain. Après un moment d'espoir, c'est le vide qui revenait en force, et toujours la même question. "Comment, pourquoi ?"
Un soupir franchit ses lèvres pâles avant qu'elle ne relève la tête pour faire face à Erelyth, son regard braqué dans le mauve de la diplomate.

— Très marrant. Au final, je me fiche pas mal de ce qu'ils pensent, je ne voulais simplement pas compliquer ma situation en me faisant trop remarquer.

Elle portera le verre à ses lèvres pour en apprécier quelques subtiles gorgées tout en détaillant son interlocutrice. Si c'était bien sa sœur, qu'est-ce qu'elle devrait ressentir à son égard ? Un sentiment de familiarité ? C'était tout autant le vide dans sa mémoire que dans ses sentiments. Il va sans doute lui falloir du temps avant qu'elle ne puisse exprimer quelque chose.

— Beuverie et décadence...Je crois au moins me souvenir que c'est quelque chose qui attire volontiers les humains corrompus par les vices. Et pas que. Remarque, toutes les races intelligentes semblent se ressembler sur ce point. La psyché ne change pas tellement. Enfin bref, qu'est-ce que je dis...

Elle secouera la tête pour essayer de remettre de l'ordre dans ses idées. Elle semblait s'égarer un peu trop facilement du sujet principal. Trouver un travail dans le monde des humains la rebutait au plus haut point. Déjà car elle ne connaissait pas, ou ne se souvenait pas encore assez du monde actuel pour espérer vivre parmi les humains sans réel danger. Elle pouvait faire une bourde à tout moment. Et puis ça lui demanderait trop d'efforts de cacher sa nature...Même si dans tous les cas, elle allait bien devoir le faire. Le choix de rester ici semblait donc le plus logique.
Concernant le faire de gérer la sécurité, cela ne l'intéressait pas non plus. Elle risquait de perdre trop rapidement le contrôle face à une personne peu encline à quitter les lieux.

— Je crois que le choix le plus simple et le plus logique serait d'être serveuse...À condition que les clients se tiennent à carreaux. Et que la tenue ne soit pas trop osée. Pour les écailles, je n'aurai qu'à porter des brassards, et pour la queue...Je tâcherai de la ranger à l'abris des regards. Ça te va ?

S'étirant de manière nonchalante, Erhis terminera ensuite sa boisson en attendant une réponse d'Erelyth.

Bien qu'elle ne le montra pas de manière ostensible, Erelyth était soulagée d'entendre sa soeur accepter une offre somme toute banale. La démone ne désirait pas spécialement garder un oeil sur la plus jeune, mais la savoir non loin du bâtiment permettrait peut-être de réfléchir de manière plus calme à ce qu'il lui était arrivé. Car en dehors de l'état d'Erhis, c'était la cause de son amnésie qui était encore une fois préoccupante.

Mais j'aurais le temps de voir ça plus tard.

— Une chemise blanche, un noeud en cravate fait ou lâché, un pantalon ou une jupe noire au choix avec des bretelles. Une tenue que j'avais l'habitude de porter mais... tu ne dois pas t'en souvenir.

Erelyth tenta de prononcer ses mots sans amertume, avec juste une pointe de rire qui ne faussait pourtant personne. Elle soupira.

— Si tu ne le sais pas, je t'apprendrais à prendre des commandes et à servir rapidement, voire même à préparer la plupart des boissons simples. Ce n'est pas le métier le plus difficile, il faut juste un peu d'entraînement. Ca vient vite, surtout pour des gens comme moi.

La démone s'arrêta un instant. Questionner Erhis ne la ferait pas aboutir à grand chose. Mais par acquis de conscience, Erelyth pensa que la prévenir de ce qu'il s'était passé à Eden Lake, de ce qui les avait tous poussé à partir pour Los Angeles...

Ou alors elle s'en fou.

C'était une hypothèse plausible. Mais d'un autre côté, elle avait le droit de savoir au moins un ou deux petits trucs.

— Tu peux prendre un appartement dans les étages supérieurs si tu veux. Je te prendrais juste un pourcentage de ton salaire en échange, le reste sera à toi. Par contre, Erhis, j'aimerais quand même te prévenir de quelque chose.

La démone n'avait pas pour habitude de chercher ses mots. Mais pour une fois, elle prit quelques secondes afin de réfléchir à la formulation de sa phrase.

— Je vais faire simple. Mais on a des ennemis. Toi, moi, les démons, mais aussi toutes les races occultes existantes. Des humains qui ont trouvé un moyen de nous blesser, de nous tuer, et... peut-être même de nous rendre amnésique, rajouta Erelyth en regardant sa sœur. Ce n'est qu'une supposition, bien entendu. Si ça se trouve, ton état n'a rien à voir avec ces humains. Mais méfies-toi dans ce monde, s'il te plait.

— Un pantalon.

La réponse avait fusée, même un peu trop vite pour que ce soit vraiment réfléchi. De toute manière c'était un choix tout à fait logique. Elle n'était pas là pour plaire aux clients, et elle ne supporte pas les jupes. C'est trop grossier à son goût, en plus de ne pas être très pratique. Et elle se sentait bien mieux dans un pantalon...

— Et non, je ne m'en souviens pas. Comme beaucoup d'autres choses. Mais ça reviendra peut-être au fur et à mesure. Même si pour être franche, je me fiche pas mal de me souvenir de choses aussi futiles.

Elle parlait toujours d'un ton aussi froid et détaché. Cette particularité lui venait d'un certain événement passé, ça, elle le savait. Mais c'était une autre histoire de se souvenir de quel événement.

—Surtout pour des gens comme toi, hein...Enfin je verrai bien, dans tous les cas, le but n'est pas d'être irréprochable, mais simplement de gagner assez d'argent pour avoir de quoi acheter le nécessaire.

Le fait qu'Erelyth ne voulait même pas la loger gratuitement lui arrachera finalement un sourire, et même un petit gloussement. Erhis n'essayera pas de marchander, ça ne servirait à rien, et au final, qu'importe. S'il faut payer, elle payera.
Son sourire s'effacera cependant assez rapidement après la mise en garde. Son regard se plongera à nouveau dans celui d'Erelyth, une lueur malsaine flottant dans l'azur glacial.
Les humains ? Dangereux ? Il fallait s'y attendre, c'est vrai, mais c'était assez déroutant quand même.

— Les humains, hein...Pour ce qui est de mon amnésie, je vois que la cause t'inquiètes tout autant que moi. Même si ce n'est pas vraiment pour moi que tu es inquiète. Je pense que nous trouverons la réponse bien assez tôt.
D'ici là, rassures-toi, je suis bien assez méfiante et débrouillarde pour ne pas m'attirer trop d'ennuis. Et je doute de me faire tuer aussi facilement par quelques humains inconscients. Si il y a bien une chose que je n'ai pas oublié...

Elle marquera un temps d'arrêt, baissant la tête. La lueur malsaine dans son regard se transformera en étincelle alors qu'un très léger sourire carnassier se dessinera sur les lèvres de l'albâtre. Elle finira par murmurer, assez fort tout de même pour que sa sœur puisse entendre.

— C'est que la guerre est vraiment un doux plaisir.

Erelyth ferma les yeux un instant en soupirant. Evidemment que son vis-à-vis s'en fichait. Le contraire eut été étonnant de toute façon, la démone n'allait pas s'arrêter sur d'aussi menus détails.

Le reste ne la surprit pas plus. La blanche s'amusa à détailler son homologue : elle avait la guerre dans le sang. Ce trait de sa personnalité fascinait la démone aux yeux mauves depuis toujours : dans la fratrie, quasiment tous étaient portés sur le jeu, qu'il prenne une forme ou une autre. La recherche inlassable d'un plaisir qu'ils trouvaient dans divers domaines. Et pour Erhis, c'était la guerre, là où Erelyth était peut-être plus alambiquée dans ses intentions. Il n'empêche que c'était aussi quelque chose qu'elle appréciait... et qui avait pus lier les deux sœurs en de vieux temps.

— En effet, je ne m'inquiète pas tant que ça pour toi ma chère ! Te voir disparaître serait une bien gourmande fantaisie, sourit Erelyth de manière carnassière.

Même si... c'était faux. Mais la démone avait toujours été bonne menteuse. Le problème était que son temps passé parmi les hommes avait changé drastiquement sa sensibilité et sa manière de percevoir les émotions qu'elle avait toujours pensé humaines. Mais c'était faux. Erelyth s'inquiétait pour sa soeur. Mais cette dernière n'avait pas besoin de le savoir. De toute façon, la blanche aux airs de barmaids devaient toujours faire attention à ne pas se montrer trop expressive avec quiconque ; il n'y avait nul besoin de créer des cibles supplémentaires.

— Bien. Tu avais autre chose à me demander ?

L'expression inquiétante sur le visage d'Erhis passa très rapidement au visage songeur, le regard perdu dans le vide alors que ses pensées commençaient à s'égarer. Elle avait remarqué que c'était quelque chose de régulier, comme si ses souvenirs essayaient de revenir à la surface, sans jamais de résultat concluant cependant. Disparaître...Un mot qui pouvait avoir plusieurs sens.
Erhis relèvera la tête pour faire à nouveau face à sa sœur, son visage affichant une expression neutre, cette fois.

— Oui, j'ai une ou deux questions. Premièrement, à combien estimes-tu le pourcentage d'êtres occultes dans Los Angeles ? Et dans ce quartier ? Et combien d'humains peuvent être dangereux dans le coin ? Comment est-ce qu'ils essayent de se débarrasser des occultes en général ? Tu crois qu'il y a des occultes dans les hautes sphères de la société humaine ? Y-a-t-il différents groupes ? J'imagine qu'une guerre se déroule dans l'ombre entre les occultes et les humains et il doit bien y avoir des groupes de résistance. Est-ce que tu estimes que ce sont les humains qui sont les chasseurs et les occultes les proies ou l'inverse ? La tendance risque-t-elle de s'inverser ? Est-ce qu'on peut trouver une bonne épée dans le coin ? Est-ce que l'épée est encore une arme viable à cette époque ? Et surtout...

Elle marquera un léger temps d'arrêt pour reprendre son souffle. Elle avait débité toutes les questions d'une traite, sans hésitation et sans placer plus d'importance pour une question en particulier, toutes ayant leur intérêt à ses yeux.

— Comment est-ce que tu comptes appeler ton bar ? Et combien d'employés tu vas avoir ? Ou combien en as-tu à l'heure actuelle au moins.

Tant de questions...Il fallait vraiment qu'elle mette de l'ordre dans sa tête.

Erelyth écouta la myriade de questions tout en se resservant quelque chose à boire. Heureusement qu'elle était habituée à parler et à retenir des informations, sans quoi elle se serait sentie submergée bien plus vite. Mais pour le coup, Erhis restait dans une logique perceptible pour qui voulait bien y prêter une oreille : ce que sa soeur fit car pour l'heure, c'était son rôle. La dernière interrogation la fit sourire, et la démone choisit de commencer par là.

— Gravity Falls pour le nom du bar. Et pour l'instant je n'ai qu'un autre employé, un jeune lycan qui vient lui aussi d'Eden Lake. Pour le reste, on ne peut pas vraiment parler d'employés de bar.

Erelyth préféra ne pas donner plus de détails... pour la simple et bonne raison qu'elle n'en n'avait pas tant que ça non plus. Mais ça, Erhis n'était pas obligée de le savoir.

— Très peu. Je pense que sur toute la surface on ne doit pas dépasser les dix pour cents. Je n'ai cela dit pas eu le temps de faire tous les repérages que j'aurais souhaité, je ne suis pas revenue depuis longtemps. Dans le quartier ? A part nous il n'y a personne, je suis formelle. Je ne suis pas certaine que l'on doive se méfier outre mesure des humains "visibles", notre problème se trouve ailleurs. Des soldats, des militaires sont de potentiels risques, mais comme tu le noteras vite ils sont peu. Par contre, on ne sait pas qui travaille pour eux et dans quelles conditions, donc la prudence et de mise.

Contrairement à Erhis, Erelyth préféra prendre son temps, dégustant l'alcool qui coulait sur sa gorge tout en réfléchissant à la suite de sa réponse.

— Les soldats qui nous ont tenus en échec avait de l'équipement... des machines capable de nous tuer. Mais je n'ai... pas vraiment eu le temps de plus observer. Je combattais.

Par contre, elle se mit à rire.

— Des occultes dans les hautes sphères de la société humaine ? Rien dans notre fratrie il y en a plus d'un ! Donc oui, hypothétiquement, il y en a au moins une bonne poignée partout dans le monde.

Erelyth chassa de la main une pensée, comme on balancerait un parasite.

— Oublie cette histoire de chasseurs et de chassés. Nous sommes toujours les chasseurs, les humains restent des proies. Mais parfois une proie peut se montrer dangereuse de plus d'une manière.

Même si d'une certaine manière, la question n'était que purement stratégique.

— Je ne prédis pas l'avenir, mais nous avons de bonnes cartes en main. Il suffit de se réorganiser. Une épée ? Ca se trouve, il y a des excentriques. Mais non, ce n'est plus trop d'actualité, même si...

Erelyth sortit de sous son bar un superbe sabre. La garde et le fourreau étaient tout deux ornés de feuilles d'or, le tout sur un bleu très profond. La démone serra le poing en pensant à qui il appartenait il y avait encore quelques semaines.

— On peut trouver de tout, soit rassurée.

— Gravity Falls ? Ça a un rapport avec quelque chose ?

Elle avait l'impression que le lien avec une chose connue était évident, mais impossible de mettre le doigt dessus.

— Un lycan, donc. M'ouais...Pour moi ça reste des sacs à puces à forme humaine. Aucun intérêt.

Elle ne relèvera pas la dernière affirmation concernant "le reste". Elle savait très bien qu'elle n'aurait pas plus de détails sur ce sujet.
La réponse d'après plongea Erhis dans une intense réflexion. Comme elle s'en doutait, les occultes étaient vraiment en nombre réduit. Mais ils restaient plus puissants que des humains normaux, ce qui équilibrait la balance. Par contre, Erhis n'aimait pas du tout l'idée de devoir se méfier d'absolument tous les humains. Ils ont beau être inférieurs, il ne fallait pas les sous-estimer pour autant. De toute manière, il ne faut JAMAIS sous-estimer son adversaire, quel qu'il soit. C'était une règle primordiale que même l'amnésie ne pouvait pas lui faire oublier.

— Des machines...Ils ont donc trouvé le moyen de faire jeu ég-...Enfin, à peu près jeu égal avec nous lors d'un affrontement. Mais au final, quelles que soient ces machines, les humains en restent dépendants. Il faudra que j'étudie tout ça d'une manière ou d'un autre. Plus tard.

Elle écoutera les prochaines réponses sans interruption, se contenant de hocher la tête. Son intérêt fût tout à coup happé par le sabre que sa sœur venait de sortir de sous le bar.  Il était très bien ouvragé, et l'albâtre ne doutait pas que la lame était elle aussi de qualité. Et vu la tête que tirait Erelyth, il devait être spécial d'une quelconque manière.
Intéressant...

— Bel ouvrage. Tu sais où je peux m'en procurer un de la même qualité ? Je ne compte pas me balader avec en ville, mais c'est toujours bien d'avoir un truc comme ça sous la main.

Est-ce que Gravity Falls avait un quelconque rapport avec quelque chose ? Oui. Mais cela relatait plus d'une anecdote, d'une connaissance aussi d'une étrange humaine qui avait défié bien des choses dans cette réalité. Erelyth hocha de la tête à la question : il n'y avait pas de grands secrets là dessous, juste une demi-humaine qui avait bien manqué de les tuer elle et Daemon tant son pouvoir était surprenant et sa capacité à se battre fantastique.

— C'est en souvenir d'une vieille amie que j'ai connu il y a une cinquantaine d'années, voire un peu plus. C'était le nom de son propre bar, et un de mes repères favori, tout simplement.

Comme bon nombre de démons, Erhis ne portait pas dans son coeur les loups-garous. Bon, Erelyth se trouvait un peu dans le même cas, même s'il s'agissait d'une dépréciation très neutre de son côté. Il était toutefois amusant de noter la véhémence que sa soeur n'avait pas oublié à leur égard.

— Si c'est ce dans quoi tu vas te plonger, sache que je mènerais le même genre de recherches, et que nous ne serons pas les seules. Par contre, si notre défaite a été causé par des humains et leurs machines, l'effet de surprise a été probablement ce qui nous a fait défaut.

Et ça c'était quelque chose dont Erelyth n'était pas fière. Alors même que ses instincts lui hurlaient d'aller voir ce qu'il se passait dehors : que l'apparition d'étranges énergies ou de disparitions dans tout Eden Lake étaient plus que suspects. La démone, fine stratège et parfaite manipulatrice s'était faite avoir... par quelque chose de basique. Elle ne l'avouerait probablement jamais à quiconque, mais certains remords la réveillait dans ses rares phases de sommeil. Elle ne se sentait pas bien, ni dans son esprit, ni dans un corps qui n'était pas vraiment le sien.

— Oui, répondit la belle en souriant, un peu partout dans le monde, comme je te le disais, se trouve des forgerons qui s'amusent à oeuvrer à l'ancienne. On a un frère qui vit au Japon, d'ailleurs, je peux le contacter pour qu'il nous procure une arme à ta convenance.

Gravity Falls. Dommage que l'histoire derrière ce nom ne soit pas vraiment plus intéressante. Le nom était pourtant prometteur.  Elle se contentera donc du fait que c'est un nom qui a été repris de quelque part, même si ça gâche un peu le côté mystique. Par contre, c'est autre chose qui l'interpellera dans la phrase.

— Une..."amie" ? Elle poussera un soupir. Non, laisse.

Le prochain sujet restera plus intéressant. Si la précédente défaite était due à un effet de surprise, on pouvait largement prévoir que telle situation n'allait pas se reproduire. Mais il ne fallait pas baisser sa garde. Encore une fois, c'est une guerre qui se déroulait, et dans une guerre, on doit éviter le plus d'erreurs possible. Vu la tête qu'Erelyth tirait, Erhis en conclu que cette dernière n'était pas très fière de s'être fait prendre par surprise.

— Tu sais, ça peut arriver à tout le monde de commettre des erreurs. Et au lieu de t'en tenir rigueur, tu ferais mieux d'en tirer des enseignements et de t'assurer que telle situation ne se reproduise plus. Même si je suis sûre que tu es bien assez vigilante pour qu'en effet, ça n'arrive plus. Cependant, les décès d'êtres occultes sont à prévoir. Une guerre, c'est sans pitié.

Pour la suite, Erhis afficha un air très intéressé par la proposition de sa sœur. Un frère qui peut fabriquer une arme sur mesure ? Quoi demander de mieux.

— Ce sera avec grand plaisir que je vais lui passer commande. Une bonne arme sur mesure, il n'y a rien de mieux. C'est quoi son nom ? Et tu penses qu'il peut la faire livrer en combien de temps ?

SI toi t'es du genre à te faire prendre par surprise, c'est ton problème.

Mais heureusement les mots ne dépassèrent pas la pensée de la démone. Elle ne réagit que par un humble sourire adressé à sa soeur, laissant de côté sa rancune et la désagréable sensation de se faire réconforter par quelqu'un de bien peu intéressé de son état. Erelyth le sentait, le savait, et même dans le cas où elle ne ferait que supposer une illusion c'était déjà bien assez gerbatoire.

Mais si la blanche aux yeux mauves maîtrisait quelque chose, c'était bien son comportement et ses traits. Les premiers jours après son réveil s'étaient montrés compliqués, la moindre émotion se trouvant décuplé par un étrange état qu'elle-même n'était pas certaine de saisir.

— Oui, c'est vrai, sourit Erelyth, merci Erhis.

Un remerciement poli qui ne faisait que retranscrire le moins de chose possible. Mais d'un côté, la démone ne savait pas tout à fait sur quel pied danser face à une soeur qui avait perdu connaissance d'elle-même. Enfin, encore une situation à régler dans les semaines à venir : pour peu que cela se règle.

— Je vais plutôt te laisser me décrire l'arme que tu souhaites, je m'occuperais du reste. Je préfère prendre quelques... précautions, avec lui. Il n'est pas obligé de savoir que nous sommes ici... du moins pas trop vite.

Erhis observait sa sœur en fronçant les sourcils.

— Ne me remercie pas, ce n'est pas pour te remonter le morale que je dis ça. Et même si ça avait été le cas, tu m'as remercié bien trop vite. Soit ça ne te tracasse pas plus que ça, soit tu coupes court au sujet. Enfin bref...

Elle lâchera un soupir. Au final, quoiqu'elle en dise elle ne savais vraiment pas quoi en penser. Elle n'aurait même pas dû continuer sur le sujet. Maintenant que c'était fait, autant passer à autre chose, effectivement.

— Soit, ce sera comme tu veux. Pour le sabre c'est simple, je sais déjà ce que je veux. Une lame robuste mais légère et une garde lourde pour avoir un léger déséquilibre. Ainsi qu'un crochet à la base de la poignée. Après pour les couleurs, je pense qu'on peut rester dans le blanc et le bleu.

Étrangement, Erhis commençait à avoir un mal de crâne aussi soudain que douloureux. Elle amènera une main contre son front en grimaçant pendant quelques secondes, avant de soupirer.

— Je crois que je vais aller me reposer.

Aouch. Perspicace. Enfin, ce n'était pas sa soeur pour rien. Beaucoup de choses les différenciaient, bien d'autres leur rattachaient des similitudes notoires. Erelyth nota la commande d'Erhis dans sa tête, avant d'attraper un crayon et un dessous de verre qui traînait par là. Elle avait une excellente mémoire... mais celle-ci lui jouait des tours. En même temps, son crâne avait explosé avant de se reformer d'une manière qu'elle ne s'expliquait pas. Et depuis... mieux valait prendre trop de précautions que pas assez.

— C'est noté ~ je te tiens au courant.

Ca n'allait pas vraiment être un jeu d'enfants, surtout que le monde et ses mécanismes avaient dû changer. Mais la démone restait confiante... elle avait quelques alliés, des créances à récupérer et des pions à utiliser. La grimace d'Erhis l'inquiéta légèrement sans le laisser paraître.

— Entendu. Choisis une chambre dans le bâtiment, enfin un appartement, ce qui te conviendra. Je vais continuer mon ménage de mon côté, appelle-moi si besoin ~