|Gravity Falls| Un Jambon peut en cacher un autre |PV•Erhis| [Terminé]

Le Gravity Falls. Sirhan afficha un sourire rieur au nom du futur bar. Cette référence toute trouvée, qui n'allait parler qu'aux gens concernés, était vraiment bien trouvée. Il avait vu passer la nouvelle, comme quoi un nouveau bar allait ouvrir, dans le quartier chinois. Et la description de sa propriétaire lui avait de suite rappelé quelqu'un. Mais, impossible d'être sûre que c'était bien elle, les traces informatiques de la transaction étaient pour le moins minime... voir nulle. Et ses quelques informateurs étaient peu bavards ces derniers temps. Mais bon, ça arrivait.

Bien qu'Erelyth ne lui soit pas d'un bon souvenir, il voulait en avoir le cœur net, quitte à se faire avoir une nouvelle fois. De toute façon, un ego écrasé n'avait jamais tué personne, si ?

Aussi, se retrouvait-il maintenant devant la devanture du futur lieu de beuverie, repère autant de personnes cherchant à noyer leur problème que d'informateurs en tout genre, sans oublier les autres. Enfin après, ça dépendait de la réputation du bar. Mais bizarrement, il avait un bon feeling en celui-ci.

En tout cas, l'endroit ne semblait pas ouvert, et c'était logique. Aussi, ne prit-il pas plus de temps que ça à admirer la devanture pour s'approcher de la porte et cogner quelques coups. Qui sait, peut-être qu'elle était là ?

Il était assez tôt, et Erhis était seule au bar, accoudée à ce dernier. Elle buvait un liquide presque transparent au goût fort et prononcé. Elle ne savait plus vraiment ce que c'était et n'avais pas pris la peine de lire sur la bouteille. Elle venait de se réveiller et elle avait soif, ça se posait là. Les cheveux relâchés et en batailles, elle affichait une tête de six pieds de long. Elle s'était rapidement habillée d'un tee-shirt blanc troué et d'un vieux jean noir sale, la queue dehors. Elle ne s'attendait de toute manière pas à voir quelqu'un, à part sa sœur peut-être, et encore.

— Chiant...

À peine ce mot prononcé, des coups résonnèrent à la porte du bar. L'albâtre arquera un sourcil. Et se demandera si elle devait aller ouvrir ou non. Après tout, c'était pas son bar, il était fermé et c'était le matin. Mais après réflexion, c'était justement tout cela qui rendait cette visite curieuse.
Elle décidera donc d'aller ouvrir en s'appuyant contre le battant de la porte. De ses yeux froids, elle détaillera celui qui avait frappé à la porte. Un jeune con. Ce sont les mots qui lui vinrent immédiatement à l'esprit. Poussant un soupir, elle lâchera d'un ton menaçant.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Celle qui ouvrit... n'était pas Erelyth, bien que ses cheveux soient assez ressemblants, du moins dans la couleur. Mais pour le reste... Son habillement laissait un peu à désirer, mais le cambion en fit peu de cas. Quant à son regard azur, il exprimait une froideur que Sirhan avait rarement vue.

C'est clair qu'avec sa capuche, Sirhan pouvait facilement passer pour le genre de jeune débile qui fait tout pour se faire remarquer. Le genre de teigne qui n'hésite pas à causer du trouble pour un rien. Mais bon, lui s'en foutait, tant que ça ne lui causait pas de problème.

Il leva ses yeux violets vers elle, arquant un sourcil au ton peu aimable employé par son interlocutrice. Bon bah, elle ne semblait pas vraiment être du genre à faire les présentations alors autant aller droit au but.

— Je cherche Erelyth. C'est bien son bar non ?

C'était bien une question, bien que le ton employé était plus du genre affirmatif. De plus, Sirhan savait parfaitement qu'il était à la bonne adresse. C'était plus une question polie.

Il cherchait Erelyth. Rien d'étonnant au final. Cette dernière n'étant pas là, Erhis se dit que c'était une bonne occasion d'en apprendre un peu plus et, pourquoi pas, de retrouver quelques souvenirs, sait-on jamais.

— Elle est pas là. Qu'est-ce que tu lui veux au juste ? Oh et..., commença-t-elle en roulant des yeux. Ne commence pas à me sortir des trucs du genre "Je peux en parler qu'à elle", "C'est secret". C'est typiquement le genre de choses qui m'insupportent alors si t'allais dire ça tu peux tout de suite faire demi-tour et partir.

Elle fixera le jeune homme pour s'assurer que le message est bien passé avant de se décaler sur le côté pour l'inviter à rentrer si il souhaitait poursuivre la conversation.
Le cas contraire, la porte sera à nouveau close.

Vraiment aimable le personnage. Vraiment. En tout cas, le haussement de sourcil de Sirhan en disait long. Même si en fait, cela ne lui donnait que l’envie de dire qu’en effet, c’était un secret, juste pour enrager l’autre. Mais... il y avait quelque chose qui l’empêchait de faire le mariole avec elle. Comme si elle était dangereuse.

Aussi, se contenta-t-il de lever les épaules face au regard fixe que lui lançait la blanche.

— C’pas comme si c’était un secret.

Lorsqu’elle s’effaça pour lui laisser le passage, Sirhan n’hésita pas à entrer. Et il fut assez surpris. Bien entendu, l’endroit était loin d’être prêt à accueillir des clients, mais un gros boulot avait déjà été fait. Elle avait fait vite, Erelyth. Surtout lorsqu’il considérait la date d’achat, qui ne remontait pas à bien loin.

De plus, il ne put s’empêcher d’analyser l’endroit, repérant en à peine quelques instants les meilleurs endroit pour poster tout appareil électronique propre à un réseau. Déformation professionnelle sans doute. Et encore, il n’avait pas vu ce qui se trouvait au-dessus.

Il se tourna ensuite vers l’autre, amorçant la discussion.

— Ah ouais, elle a pas chôm...

Mais ses mots moururent dans sa gorge. C’était quoi cette grosse forme écailleuse qui pendait derrière son interlocutrice ? Weird. Surtout que ça semblait plus vrai que nature. Il savait que la mode "furry" existait, mais la majorité du temps, c’était à fourrure, pas à écailles. Et les gens se faisaient discret, vu la réputation du mouvement. De plus, la femme n’avait pas l’air d’être du genre à se déguiser en gros lézard. Du moins, à première vue.

— Hum... elle à pas chômée.

L’étrangeté de son interlocutrice le poussa à ce concentrer un peu sur son aura. Bien qu’il ne soit pas très habituer à décoder les informations que ça lui renvoyait, c’était assez pour qu’il sache que l’autre n’était pas humaine. Et même... ça lui rappelait un truc enfoui bien loin dans sa mémoire, mais impossible de savoir quoi.

Finalement, il s’avança un peu vers elle, la main tendue, le souvenir de sa première rencontre avec Erelyth l’ayant un peu marqué sur cet aspect.

— Au passage, moi c’est Sirhan.

Erhis fermera la porte derrière Sirhan, cette dernière poussant un petit couinement sinistre. Elle restera silencieuse en observant son invité qui détaillait déjà les lieux comme un petit fouineur. Observer un endroit, c'est en effet une bonne idée, mais il fallait un minimum de discrétion pour cacher ses intentions. Lui n'en avait pas du tout, et c'est assez facilement qu'on remarquait qu'il ne détaillait pas innocemment les lieux. Même si c'était compliqué de savoir à quoi il pensait exactement. Et au final, l'albâtre s'en fichait pas mal.
Un sourire amusé se peignit sur la face de la démone lorsque Sirhan se coupera net dans sa phrase alors que son regard se posait sur la queue qui pendait tranquillement dans le dos d'Erhis. Elle le laissera dans sa surprise et sa méditation en attendant la suite. Ce dernier décidera au final de passer aux présentations. Classique.

— Sirhan. Soit. Et donc, tu n'as toujours pas répondu à ma question. Qu'est-ce que tu veux à ma sœur ?

Se présenter, c'était pas le fort d'Erhis. Et donner son nom gratuitement, c'était une erreur bien stupide. Garder le secret sur son identité était important, bien qu'annoncer être la sœur d'Erelyth dévoilait quelque peu qui elle est. Mais elle espérait surtout jouer sur la surprise de l'annonce, ou au moins mettre en confiance, ou non, son interlocuteur. Et surtout, elle espérait que la raison de sa venue dans le bar n'était pas banale.

Et la main tendue de Sirhan attendait toujours d'entrer en contact avec l'une des deux d'Erhis. Et elle pouvait attendre bien longtemps.

Sirhan finit par retirer sa main dans un soupir lorsqu'il devint évident que son interlocutrice ne souhaitait aucunement faire l'effort de lui serrer la pince.

Il lui lança une œillade méfiante à l'information qu'elle lâcha. Elle, sœur avec Erelyth ? Elles n'avaient pas du tout la même aura. Logiquement, ce n'était pas trop trop possible. L'une était humaine, alors que l'autre était, était...

Comme maman en fait.

Oui ! C'était ça que l'aura de son interlocutrice lui rappelait ! Celle de sa mère ! Il avait pris le temps, mais il avait fini par s'en souvenir ! Il ne la connaissait pas consciemment, mais il avait vécu avec elle assez longtemps pour savoir quel genre d'aura avait un démon. Et ce souvenir venait de se rappeler à son esprit, juste au moment où il rencontrait une autre démone. Sirhan partit donc du principe que, soit l'autre mentait, et qu'il n'y avait aucun lien de parenté entre elle et Erelyth, soit c'était cette dernière qui avait menti, en cachant d'une façon ou d'une autre son aura. Mais il serait compliqué de savoir la vérité en ce cas.

Tout cela prit quelques minutes à se faire dans l'esprit du jeune cambion, peut-être au grand damn de l'être à la queue écailleuse. En tout cas, si elle voulait le mettre en confiance, c'était raté.

— Pas grand-chose. Enfin, rien qui ne te concerne pour l'instant. Sœur tu dis ? C'est dur à croire, vu ton aura...

Il ne tenait pas spécialement à provoquer la démone. Mais peut-être que ce serait suffisant pour qu'il puisse être fixé sur le point de la parenté des deux femmes.

Un blanc répondit à sa question. Visiblement, les informations faisaient leur petit chemin dans la tête du jeune demi-démon pendant un temps. Temps qu'Erhis passa à le regarder en silence, les bras croisés sous la poitrine. Pendant quelques secondes seulement, préférant ensuite se diriger vers le bar pour aller se servir l'une des boissons fortes mises à disposition derrière le comptoir. Cependant, elle n'atteindra pas sa destination, se figeant à mi-chemin juste après la réponse de Sirhan.
Elle se retournera doucement pour le fixer d'un regard plus que glacial et lui répondre d'un ton qui ne laissait aucun doute sur son état d'âme.

— C'est marrant, il y a peine quelques minutes, j'étais pourtant sûre et certaine d'avoir été claire sur un point très important. "Rien qui ne te concerne pour l'instant" ? Et toi qui disait que ce n'était pas un secret. Alors on va se remettre d'accord là dessus. Soit tu réponds à ma question, soit tu pars très très vite avant que l'envie de t'étriper prenne le dessus sur ma bonne conscience.

Elle marquera une pause pour laisser ses paroles prendre tout leur sens dans l'esprit du jeune sot avant de clore.

— Je me suis bien fait comprendre cette fois ?

Sans attendre de réponse, elle reprendra son chemin vers la bouteille qui lui tendait les bras comme si de rien n'était, un air tout à fait calme sur le visage et même quelque peu flegmatique. Finalement arrivée jusqu'à la bouteille, elle s'en servira un verre avant de se tourner vers Sirhan.

— Tu veux un verre ?

S’il lui renvoya un regard aussi dure que le sien, cela ne restait que de l’apparence. Sirhan se savait nul en combat et son interlocutrice ne semblait pas être du genre à se faire rétamer physiquement parlant. Et puis, bizarrement, il avait l’impression que même à cette distance, elle serait capable de le rattraper avant qu’il n’atteigne la porte.

— T’inquiète, t’as pas rêvé. S’était parfaitement clair la première fois, répondit-il à sa tirade en levant les yeux au plafond. Et je n’ai nullement l’intention de partir, maintenant que je suis là.

Son visage n’exprimait pas grand chose sur l’instant, excepté une légère irritation. Il avait l’impression que tout ce qui touchait Erelyth de près ou de loin lui était hostile et, autant ça l’énervait, autant ça lui donnait l’envie de creuser un peu plus encore.

Aussi, lorsque l’autre lui demanda s’il voulait un verre, il se rapprocha en acceptant. C’était bien le premier truc amical qu’il avait dans cette discussion, même s’il doutait que ce soit vraiment porté vers lui. Et puis bon, c’est pas qu’il appréciait spécifiquement l’alcool, mais c’était toujours un bon facteur de rapprochement, qui déliait parfois les langues. Mais ça, l’autre en face devait le savoir aussi bien que lui.

Il prit le verre qu’elle lui fit tout en prenant place sur l’une des chaises qui trônaient devant le bar. Il prit une lampée de son breuvage et grimaça un peu... avant de reprendre une gorgé. Ça allait passer après tout.

— Merci, recommença le cambion en désignant son verre, avant de poser ses coudes sur le bar. Bon, je peux bien répondre, et je le ferais. Mais je peux au moins avoir ton nom, ou un pseudonyme, n’importe quoi ? Juste histoire de ne pas t’appeler machin. Après c’est pour toi...

Il s’attendait un peu à ne pas recevoir de réponse, voir peut-être un nouveau regard noir. Mais reste qu’il n’aimait pas ne pas pouvoir nommer quelqu’un dans une discussion. C’était comme parler à un mur sinon.

Le regard que lui renvoya Sirhan la fit rire intérieurement. Il avait des tripes, elle ne pouvait pas lui retirer ça. Ou alors il était complètement inconscient, ce qui était une possibilité comme une autre. Et ce n'est que maintenant qu'elle remarquait qu'il la tutoyait comme si de rien n'était. Décidément, les jeunes de cette époque n'avait aucune idée de ce qu'était la politesse envers leurs aînés. Elle plissa les yeux lors de sa première réponse. Il va vraiment falloir qu'il fasse attention, car il frôlait dangereusement certaines limites. Mais elle n'en fit rien paraitre, restant impassible et froide à son égard. Elle lui prépara tranquillement un verre qu'il vint saisir pour y goûter. Elle ne savait pas vraiment ce que c'était mais après vérification, c'était du...saké. Intéressant.
Son regard retournera ensuite à son interlocuteur, Erhis écoutant sa revendication, car au final, c'était bien ce que c'était. Encore une fois, elle marquera un silence avant de répondre.

— Si j'ai bien compris, tu as compris mon avertissement la première fois, mais tu n'en as volontairement pas tenu compte. Sans doute de le but de me provoquer de manière à ce que je m'énerve. Car tu n'es pas bête, et tu sais que les gens qui s'énervent ont peu de contrôle sur leurs actes, et peuvent facilement dire des choses qu'ils n'auraient d'habitude pas dit. Tu sais que tu es faible et que tu ne fais pas le poids face à moi. Et pourtant, tu jongle avec ma patience en restant très proche des limites, mais sans jamais les franchir. Tu compenses tes faibles capacités physiques par ton intelligence. Et en plus de ça, tu es joueur. Tu serais bien du genre à être une mine d'informations, et à fourrer ton nez partout, même là où ça ne te concerne pas. J'ai juste ?

Elle prit une gorgée de saké, puis encore quelques autres, de manière à finir son verre.

— Pour mon nom, puisque ça te tient tant à cœur, tu peux m'appeler Amélia. Amélia Khaldren. Ça te va comme ça ? Maintenant, je t'en prie, j'attends toujours ma réponse.

L’analyse plutôt juste que lui servit la démone fit apparaître un sourire sur la facière de Sirhan. Pas de crispation ou rien. Un vrai sourire. Il aimait bien la situation, car il avait l’impression qu’il pouvait bien s’entendre avec son interlocutrice à queue d’écailles. Enfin, tant et aussi longtemps qu’il ne dépassait pas les limites qu’elle avait évoquée. De plus, entre elle et Erelyth, rare était les gens qui le mettaient à découvert aussi rapidement. Bien sûre, ça lui arrivait, mais pas aussi vite. Les gens avaient tendances à ne voir que ce qu’ils voulaient bien voir. Mais ce n’était pas le cas de la démone, ni de sa soeur... qu’il soupçonnait de plus en plus de ne pas être aussi humaine que son aura ne le prétendait.

— On ne peut pas vous cachez grand chose, à toi et à ta soeur. C’est énervant, tu en conviendras... mais c’est aussi très fun.

Bon, peut-être que sa rencontre avec Erelyth avait été un peu moins "fun" qu’il le disait, puisqu’elle l’avait tout de même assez malmené, et qu’il s’y était prit comme le dernier des débutants. Mais d’un autre côté, il savait très bien qu’il aurait aimé recommencer avec quelques cartes en plus, ne serait-ce que pour voir comment ça se serait fini. Les jeux de pistes, c’était son dada après tout.

— Oui Amélia. Je me doute que ce n’est pas ton vrai nom, mais on fera avec. Et pour ce qui est de ta réponse...

Il prit une ou deux gorgées de saké, laissant paraître une petite grimace encore une fois, mais bien moins prononcée que la dernière.

— À la base, je venais surtout pour voir ce qu’allait faire Erelyth de cet endroit. Mais d’un autre côté, je me suis dit que je pourrais toujours lui re-soumettre une offre d’embauche. Qu'elle soit officielle ou officieuse. Surtout que mon petit doigt m’a dit qu’elle aurait besoin d’un informaticien dans mon genre. Et puis, je suis sûre qu’elle veut héberger des occultes ici, alors il faut transformer l’endroit en un bastion. Et ça, je peux y aider.

Suite à cela, il se repositionna sur sa chaise pour mieux getter la réaction d’Amélia.

— Voilà, c’est à peu près tout.

En effet, ce n'était pas son vrai nom. Mais ce n'était pas non plus un nom donné au hasard. Elle le connaissait de quelque part. Un lointain souvenir enfoui en elle et qui, comme beaucoup d'autres, ne parvenait pas à revenir à la surface. Peut-être était-ce le nom d'une ancienne connaissance, peut-être était-ce un nom qu'elle avait autrefois utilisé dans les mêmes circonstances. Quoiqu'il en soit, c'est le seul qui lui soit venu à l'esprit.
Elle lâchera un soupir discret avant de finalement obtenir une réponse à sa question. Et quelle ne fût pas sa déception en apprenant que la venue de Sirhan était d'un banal...Quoique banal ne soit pas vraiment le bon mot. Disons plutôt que les raisons de sa venue étaient...presque inintéressantes. Presque. Car il y a bien quelque chose qui avait retenu son attention un minimum.
Malgré cela, elle affichera quand même une mine déçue.

— Quoi, c'est tout ? Franchement, je m'attendais à mieux. Cependant une question me vient. Pourquoi est-ce qu'il faut transformer l'endroit en un bastion. Pour protéger les occultes des humains ? Franchement, si ils n'arrivent pas à se défendre eux-même et qu'ils ont besoin d'un "bastion", comme tu dis, c'est ridicule.

Après avoir fini de parler, elle lèvera le doigt pour éviter que Sirhan ne prenne la parole. En fait, elle avait une autre question.

— Informati- quoi ?

Sirhan fronça les sourcils. Elle était sérieuse là, à le prendre au pied de la lettre ? Sa mimique déçue ne lui échappa aucunement, mais sa dernière interrogation le fit presque s'étouffer avec son verre de saké, qu'il avait reporté à ses lèvres.

Non, mais sérieusement, qui n'avait jamais entendu parler de l'informatique ? Surtout à cette époque. Il dirigea un regard surpris vers Amélia, mais aussi légèrement blazer. Pas étonnant qu'elle n’ait rien compris à ce qu'il voulait dire.

— Tu viens de quelle époque ? Ouais parce que la, ça craint quand même. Un informaticien, c'est quelqu'un qui travail en informa... ouais non tu dois pas connaître non plus.

En fait, Sirhan se demandait comment expliquer le concept de l'informatique. C'était tellement vague et abstrait.

— Un informaticien c'est quelqu'un qui travaille avec des... heu... des données. Qui travail avec les systèmes de traitement de l'information.

Bon... ce n'était pas super clair, surtout si Amélia n'avait aucune base, mais les termes information et données devaient bien l'avoir aidée un peu.

— Et puis, je ne parlais pas d'un "réel" bastion. Je me vois mal construire des remparts en pleine ville. Non, je parlais plutôt de rendre cet endroit invisible aux yeux de tous. Pas invisible physiquement hein, mais plutôt d'un point de vue... informationnel. Et aussi rajouter quelques gadgets utiles ici et là.

Ouais bon, ça devrait faire l'affaire. Mais un autre élément de la réponse d'Amélia l'avait fait tiquer.

— Mais sinon, oui, c'est surtout pour nous protéger d'eux. Oui, je sais, pour vous les démons, les humains sont forcément faibles. Et vous avez raison, seul, ils sont faibles. Mais je ne crois pas que tu ferais la même analyse si tu devais te retrouver seule devant mille humains bien armés. Et dis-toi qu'ils sont plus de sept milliards aujourd'hui. Alors, mieux vaut ne pas attirer l'attention de tout ce petit monde sur nous.

Bien entendu, un tel cas de figure était possible, mais ne risquait pas d'arriver demain la veille. Après tout, le peu d'humains qui connaissait leur existence essayait de ne pas dévoiler ce secret à la face du monde. Et probablement qu'il y avait de la rétention d'information entre les pays aussi. Donc pour l'instant, ils étaient relativement en sécurité. Mais si jamais ce cas de figure venait à ce réalisé, et c'était plausible, bien qu'improbable... Sirhan ne donnait pas cher de la peau des occultes, peu importe leur nombre ou leur pouvoir.

— Bon après, c'est peu probable. Mais ça pourrait arriver.

Erhis arquera simplement un sourcil. Il était toujours aussi peu dans la bienséance et vu son ton, il la prenait vraiment pour une débile. Enfin, pour le coup, elle le comprenait un peu. Mais c'était bien ça qui lui faisait le plus défaut actuellement. Son manque d'informations sur le monde actuel. Et il fallait bien qu'elle apprenne d'une manière ou d'une autre. L'explication que venait de lui fournir Sirhan n'était vraiment pas très claire, mais avec ce qu'elle savait déjà, Erhis parvint à saisir le concept. C'était déjà ça.

— Rendre cet endroit invisible...Je me demande vraiment si c'est pas pur intérêt stratégique ou si vous cherchez à vous cacher comme des souris dans un trou.

Et oui, il y avait beaucoup d'humains. Beaucoup plus qu'il y a quelques centaines d'années. Mais ça n'y changeait absolument rien.

— Ils sont nombreux, c'est vrai. Mais ils n'en sont pas plus dangereux. N'oublie pas que le nombre est certes une force, mais pas ce qui fait gagner une guerre. Je dis toujours qu'il ne faut pas sous-estimer son adversaire, mais il ne faut pas non plus le sur-estimer. C'est comme ça qu'on finit par prendre trop de précautions et s'emmêler les pinceaux. Enfin bref, de toute manière ma façon de voir les choses ne changera pas le destin de cet endroit. Au final, en faire lieu de rassemblement pour les occultes de manière à pouvoir aborder des sujets sensibles tranquillement n'est pas une mauvaise idée.

Elle poussera un soupir en se massant le front d'une main.

— Bon, cette conversation est terminée, j'ai eu ma réponse. Je suppose que tu veux rester pour attendre Erelyth ? Elle ne devrait pas tarder. Je pense. En attendant, je vais voir ce que je peux faire pour m'occuper dans le coin...

— L'ennui avec les souris, c'est que le chat finit toujours par trouver le trou. Et alors on finit vite coincé à l'intérieur. Alors oui, se cacher c'est bien le but, mais pas pour rester passif. Enfin, j'espère, mais si ta sœur est faite du même bois que toi... ça m'étonnerait que l'on reste caché longtemps.

Sirhan pesa ensuite les arguments d'Amélia concernant les humains. De son point de vue, sept milliards d'humains, ça restait quand même vachement dangereux. Mais d'un autre côté, il pouvait facilement adhérer à la façon de pensée de son interlocutrice. Elle, elle préconisait de faire une analyse précise de l'ennemi pour ensuite réagir en connaissance de cause, sans le sur ou le sous-estimer. Ce n'était pas con. Mais pour ça, il fallait pouvoir l'analyser, l'ennemi, et ce n'était pas toujours possible, ni même facile.

— Je crois que c'est bien ce que veut faire Erelyth. Après, je ne prétends pas être dans sa tête. Elle à probablement d'autres idées derrière la tête pour cet endroit.

Il hocha ensuite de la tête, la remerciant de son attention.

— Très bien. Merci pour le verre. Et oui, j'aimerai bien rester, si ça ne dérange pas.

Suite à cela, il tourna son regard vers la grande pièce, alors que la sœur de la patronne partait pour faire... des trucs.