Un voyage commence toujours par un premier pas [Ash]

Samara avisa un muret sur le quai où elle se trouvait après s'être péniblement extirpé du train qui l'avait conduit jusqu'ici et s'y adossa tout en jetant des regards circulaires sur ceux qui l'entouraient, voyageurs pressés qui ne lui accordait même pas un regard, s'empressant de courir comme s'ils pensaient rattraper le temps lui même, se bousculant maladroitement les uns les autres.

La brune attendit que la foule se dissipe, ne se sentant plus aussi à l'aise mêlée aux autres qu'autrefois, n'ayant presque pas mis les pieds dehors depuis des semaines, ayant presque loupés tous les cours depuis. Elle qui n'avait jamais été sociable avait l'impression que sa capacité à supporter ses semblables avait fondue comme neige au soleil. Les gens avaient-ils toujours été aussi agaçants où avait-elle acquit la capacité à les voir sous leur véritable jour ? Dans tous les cas elle s'était retenue de pester face à l'idiote et son marmot qui lui avaient fait face tout au long du trajet qui l'avait menée ici. Pour être exact, elle aurait même volontiers distribuer des claques tant ce petit monde était agaçant mais si elle s'y risquait alors on ajouterait les violences envers autrui sur son pedigree et allait suivre de longues séances de thérapie où elle serait tenue d'expliquer pour quelles raisons elle avait envie de tuer des gens... Brrr elle en frémissait d'avance.

Après avoir prit quelques secondes pour se remettre elle attrapa dans la poche arrière de son jean le bout de papier sur lequel elle avait griffonnées les indications que son frère lui avait données pour qu'elle puisse le retrouver. Le point de rendez-vous se situait dans un bar et si la jeune femme se disait qu'il n'y avait bien que Jay pour lui donner rendez-vous à tel endroit, elle était bien contente pour chipoter sur ce détail.

Après un trajet à travers la ville aussi ennuyeux que ce à quoi on pouvait s'attendre, Samara trouva sans mal le bar dans lequel elle s'engouffra sans attendre. Un SMS de son frère la prévint du retard de ce dernier, lui indiquant également de l'attendre. Elle soupira mais faute de choix salua à la volée avant d'aller s'asseoir dans un coin. Un homme attira son attention à peine arrivée. C'était déjà le genre de personne sur laquelle on fut susceptible de se retourner mais elle avait une drôle de sensation en le regardant. Ignorant qu'elle venait de lire la signature énergétique de son tout premier occulte -hors famille incluse- la jeune fille prit place à bonne distance.

Oh sweet, sweet symphony.

Le bon vieux Jack finit de couler sur ma langue puis dans gorge, délecte mes papilles et enivre mes sens. Oui, le whisky du vieux temps reste le meilleur à mes yeux. Mais alors que le verre légèrement teinté de ce liquide ambré retrouve le bois récemment nettoyé du bar près duquel je suis assis, j'entends le battant de la porte s'agiter. Les jambes croisées, le bras sur le bar, j'attends de voir la créature que j'espère admirer : en vain. Erelyth ne semble pas vouloir se montrer, après tout ce que j'ai fais pour elle ? Mécréante. Enfin, ne pensons pas trop fort, elle trouverait un moyen de m'entendre. A moins que ses vieux réflexes ne soient rouillés d'une présence prolongée dans le monde humain ! Tout le monde ne pouvait pas avoir ma classe et mon savoir-faire, après tout.

Oh, une humaine. Brune, la peau blanche. Une beauté banale que je m'autorise à déguster des yeux, sans trop forcer. On née gentleman ou non. Et pour ma part, hors de question de reluquer de manière exagérée : on se sait, on se sent, on devient membre de notre propre stature.

Que fait-elle ici ? Mes fines mèches brunes tombent légèrement sur le côté lorsque je lui adresse un sourire, la tête vers la droite. Mes doigts tapotent un air que je rêverai de jouer, là, de suite. Un piano, oui ! Un piano. Je vais demander à ma belle démone un piano. Et pas une de ces ignobles choses qui font des bruits de pets. Non, je veux un vrai piano. Peut-être devrais-je même lui demander de m'engager comme pianiste ? Après tout, un bar... dans un secteur que je connais... ah ! Ce n'est pas comme si, après tout, c'est moi qui lui avait permis d'obtenir les clefs de ce lieux.

L'endroit n'a pas encore été retapé, mon nez me l'indique. J'ai beau être mort, il y avait certaines choses qui fonctionnait très bien chez moi. A commencer par mon sexe, évidemment, mes mains ensuite, et mon odorat n'étant toutefois qu'un simulacre de de ce que je connaissais auparavant reste d'une qualité raisonnable. Un voile de jeu parcours mon être. De curiosité aussi. Si je sais pourquoi ma douce présence est requise ici, qui est l'autre ?

D'un mouvement discipliné je me lève, prenant soin de remettre en place la belle narcisse dans la poche de ma veste. J'aime ce costume tout comme l'odeur de fleur que je lui porte, c'est ma touche personnelle à moi. Et m'approche de la seule autre âme vivante en ces lieux. Enfin, peut-être la seule en un sens. Dieu que je suis drôle.

— Mademoiselle, c'est la première fois que vous venez ici ?

Je sais ma voix naturellement grave et sensuelle, mais je m'admire d'aussi bien me surpasser. Je suis charmant et mon petit accent anglais devrait lui plaire. Enfin, si c'est une humaine. Sinon, je vais peut-être vraiment pouvoir m'amuser.

Si la jeune fille avait répondu au léger sourire adressé par l'autre par simple politesse, elle n'avait pour autant aucune envie de discuter avec. En témoigna la distance qu'elle mit entre eux deux en choisissant la place assise qui en était le plus éloigné.

La brune laissa tomber le sac à dos qui contenait les affaires dont elle avait besoin pour le week end sur le sol avant de s'asseoir sur l'un de ces tabourets de bar qu'elle avait toujours adorée enfant et dont elle se moquait parfaitement à présent. Elle sortit son téléphone portable de sa poche seulement pour constater qu'elle avait un demi million de sms venant de sa mère, laquelle n'avait pas vraiment approuvée que sa fille s'éloigne du foyer familial même seulement le temps d'un week end. Elle prit le temps de lire rapidement les recommandations de sa mère qui se limitaient à devoir faire attention et prendre ces foutus médocs auxquelles elle répondit d'un laconique "promis" avant de fouiller dans son répertoire pour trouver le numéro de Jason et lui dire de se grouiller.

La brune ne put s'empêcher de pester contre son frère alors qu'elle rangeait l'appareil dans sa poche. Elle aurait préféré qu'il lui donne rendez-vous dans un endroit un peu plus conventionnel ou qu'il vienne directement la chercher à la gare. Elle avait aimé fréquenter ce genre d'endroits il y a de ça "très longtemps" mais cette vie appartenait désormais à une autre personne et à présent elle souhaitait le calme et la quiétude plus que l'amusement. Cela dit le bar en question était plutôt tranquille. Si elle l'avait cru ouvert à cause de l'invitation de son frère à l'y rejoindre et de la lumière visible depuis le dehors, il n'y avait personne derrière le comptoir prêt à servir d'éventuels clients et l'homme qui lui faisait cette si étrange impression semblait être la seule personne présente. Au moins avait-il pu se faire servir un verre lui. Elle n'aurait pas dit non à un jus de fruits pour le coup.

Samara repéra du coin de l'oeil le mouvement de l'autre qui se relevait. Si elle cru d'abord qu'il allait partir elle comprit bien vite qu'il s'approchait d'elle. Une seconde la scène lui fit penser à l'un de ses passages de livres ou de films sensés vous faire réfléchir. L'autre dont l'apparence était remarquable mais pas trop allait s'approcher et venir discuter avec l'héroïne, laquelle était plongée dans le doute et l'incertitude quant aux chemins qui s'offraient à elle. Elle se confierait à l'étrange personnage, révélant des doutes qu'elle gardait habituellement pour elle, il lui poserait une série de question qui l'aiderait à comprendre quelles étaient ses vraies valeurs et alors l'autre lui révélerait être une sorte d'elfe ou de lutin bizarre, propriétaire du bar et se faisant passer pour un client quand les âmes perdues de ceux qui avaient besoin de lui venaient dans son établissement, lequel n'était visible que par ceux qui avaient vraiment vraiment besoin d'une réponse. Quand elle quitterait les lieux elle aurait alors une vision claire des choses et son aventure pourrait commencer.

Bien sur, Samara avait une vision assez claire des choses pour savoir que la scène précédente n'appartenait qu'au domaine de la fiction quand bien même une aide magique lui eut parut être bien souvent une chouette alternative aux prises de têtes et aux questions sans réponses. La jeune fille n'avait guère envie de discuter mais elle n'était pas de ceux qui envoient balader les autres. Elle répondit donc en laissant l'autre s'installer s'il le souhaitait.

-Oui, mon frère m'a dit de venir l'attendre ici.

Mais ce couillon était en retard. Elle l'imaginait sans mal dans les bras d'une fille, ignorant que l'incasable Jason Kane avait fini par se caser.

Je reste à bonne distance, lui montrant ainsi que je ne cherche pas spécialement à m'imposer. Une main plonge dans la poche de mon pantalon de smoking tandis que l'autre porte mon verre à mes lèvres. Je ne la lâche pas du regard, toujours au niveau des yeux. C'est une petite astuce qui laisse croire aux gens qu'on possède le pouvoir de sonder les âmes... enfin dans mon cas, c'est presque vrai. Quoique, j'ai une plus grande facilité à voir les chaires tombées... haha.

Un soupçon d'excitation m'envahit lorsque j'entend sa voix. Elle serait bien jolie attachée à un lit, en train de hurler de me supplier de l'achever. Mais les images s'évaporent bien vite quand je capte ses mots : d'ailleurs, ses petites lèvres ne s'entrouvrent que pour le stricte nécessaire. Amusant, la belle enfant doit être habituée à ce qu'on ne la laisse pas parler comme elle le souhaite. J'ai connu ça moi aussi, il y a quelques siècles... si peu ! Enfin, je nous perds, je nous perds.

Mon oeil scintille de curiosité. Ainsi donc elle n'est pas entrée ici par hasard. Peut-être connait-elle Erelyth ? Non, peut-être pas. Son frère ? Cette fichue démone a une facheuse tendance à s'entourer de gens plus spéciaux les uns que les autres... elle est restée vague la garce, quand elle est venue me chercher. Blablabla une organisation, blablabla que je te monte le bourichon et que je te complimente comme quoi tu es le plus violent et le plus ingénieux des vampires de la ville des anges. Mais bon, cette vipère est efficace dans son domaine. Maintenant, la question que je me pose, c'est si elle a sous son bras des demi-démons dont je pourrais me délecter ou pas.

J'arme un sourire simple, maîtrisé. La brune n'a qu'à peine flanché en ma présence, ou alors son masque de cristal est plus pur qu'un diamant. Ce qui ne rendrait le jeu que plus intéressant mais, pour l'instant, autant y aller graduellement.

— Oh je vois. Moi, j'attends une... amie. Mais peut-être voulez-vous boire quelque chose ?

On avait bien trop bourré le crane de Samara avec ces histoires de bonnes manières pour qu'elle ne repousse le brun directement et pourtant elle en avait bien envie. Ce n'était pas qu'il soit envahissant, qu'il fasse preuve d'impolitesse ou même qu'il y ait en lui quelque chose de désagréable comme un manque d'hygiène évident ou une odeur de crasse qui se dégagerait de sous sa tenue d'apparence impeccable, non, il n'était rien de tout ça, si ce n'est que Samara se demandait bien pourquoi il tenait tant à parler avec elle alors qu'ils appartenaient à deux univers si différent. Elle était une enfant qui ne se jugeait pas très intéressante et avec cette folie l'attente qui retenait captif son cerveau sa confiance en elle avait bien flambée.

Non son véritable soucis c'est ce qu'elle pensait ressentir de l'autre. Un malaise qu'elle ne saurait définir alors que son corps semblait percevoir un danger qu'elle était incapable de nommer. Était-ce un nouvel effet secondaire de son médicament ? Son traitement avait pourtant été ajusté et lui convenait il y a un moment et les effets secondaires n'incluaient pas la paranoïa du moins à son souvenir. Elle avait tellement lu la petite notice fournie avec la boite, comme pour se persuader que ces choses étaient bonnes pour elle qu'elle la connaissait presque par coeur.

La brune se fit violence pour ne pas se décaler sur l'extrémité de son siège avant de glaner quelques centimètres supplémentaires. Elle gardait son masque de marbre, essayant de ne pas trahir ce qu'elle ressentait sinon par de micro mouvements incontrôlables. Elle avala sa salive péniblement avant de répondre à la question qui lui avait été posée :

-Juste un peu d'eau s'il vous plait.

Si avec ça l'autre ne la lâchait pas car il se serait rendu compte qu'elle était une ado complètement rasoir alors elle ne pouvait plus grand chose pour lui. Samara n'avait jamais été comme ces aînés, Jessica et sa force de caractère et Jay qui semblait si bien s'adapter à toutes les situations sociales et à tantôt jouer les mecs cools ou le fils parfait selon le contexte alors qu'il ne se considérait même pas lui même comme quelqu'un de sociable. Forcément elle ne pouvait que se sentir bien fade à côté. Au moins si l'autre jugeait qu'il perdait son temps elle pourrait au moins souffler un peu. Il l'oppressait toujours autant.

Je fais presque un pas dansé sur moi-même quand je me retourne pour aller récupérer un verre. Elle était maline, à ne pas me révéler grand chose de plus ; mais d'un autre côté, j'ai pas beaucoup posé de questions. Tandis que mes mains cherchent un conteneur propre je m'imagine lui faire de très, très vilaines choses. Oh, et si Erelyth se mettait à me faire des cadeaux de ce genre ? Ca serait une très, très bonne surprise... la coquine. Mais connaissant son tempérament, ça ne risque pas trop d'arriver... malheur à moi, je vais devoir encore me contenter de trouver mes jouets tout seul. Oh ? Je sens comme quelque chose de très dur sous le bar. Je m'arrête et constate qu'il y a un sabre... un très beau sabre japonais. Les gravures d'or ne me rappellent pas un diagramme connu, mais ça m'intrigue assez pour que mes doigts continuent de le caresser, presque en extase. Quelle vilaine petite cachottière. A qui appartient-il ?

Je reste accroupit sous le bar comme une secrétaire sous le bureau de son patron lorsque je reprends conscience de ce que je suis venu faire là-dessous. Avec un large sourire sur les lèvres et quelques frissons dans l'échine, je finis par remplir le verre avec l'eau du robinet et reviens vers la jeune fille.

— Et donc... pourquoi ton frère t'a-t-il demandé de venir ici ? C'est quand même un peu particulier, un bar fermé... surtout pour quelqu'un qui ne connaît pas la ville.

Je me remets à la détailler. Son masque blanc paraît indéchiffrable... mais est-ce que je ne viens pas de voir un poul palpiter ? Aaah, quel dommage que les vampires soient si sensibles à ce genre de choses. Mais je ne dis rien, par pure galanterie, pas comme tous ces gueux qui n'hésitent pas à sucer n'importe quoi qui n'aurait pas le sida. Non mais franchement, de vraies girouettes.

Samara resta silencieuse alors que l'autre semblait lui chercher de quoi apaiser sa soif. Elle se sentait un peu forcée de faire la conversation à cet homme mais d'un autre côté elle ne savait que dire qui ne sembla pas complètement forcé. Elle n'avait jamais été très douée pour mener une véritable discussion avec autrui mais alors avec le cerveau plongé dans une brume médicamenteuse permanente c'était un peu la cata.

L'autre ne sembla pas lui en tenir rigueur ou alors il était bien trop poli pour lui faire remarquer qu'elle n'était pas très bavarde. Il lui tendit le verre d'eau qu'elle prit en le remerciant avant de prendre une gorgée qu'elle avala pendant qu'il lui demandait pourquoi Jay l'avait fait venir ici. Pour être honnête elle aurait bien aimé le savoir aussi, elle ne voyait aucune raison valable pour qu'ils se retrouvent à cet endroit-ci plutôt qu'à la gare mais son frère avait toujours fait les choses à sa façon. Elle ne pouvait pas dire qu'elle appréciait mais elle avait renoncé à vouloir le changer.

-Je ne sais pas trop, il à refusé d'aller à la gare. Le connaissant il doit sortir avec une fille dans le coin ou quelque chose comme ça...

Répondit-elle en haussant les épaules. Bien sur elle ignorait que le visage de Jay était désormais connu comme celui de l'ado qui était décédé quelques jours seulement après avoir fait le buzz en sauvant un gamin d'une manière que nul ne pouvait expliquer de manière rationnelle. Le garçon ne lui avait bien sur donné aucun détail à ce sujet. En même temps, Samara était-elle prête à entendre des histoires d'occultes et pire, d'apprendre qu'elle même en était une ? Clairement pas.

Oh, bien vu mon cher Ashleigh : elle ne connaît pas la ville. Un doux sourire se peint sur mon visage tandis que je l'observe distraitement.

— Votre frère semble être tout un mystère !

Et en plus de ça il serait du genre à faire attendre les demoiselles pour aller soulever de la bourgeoise ? Moh. J'espère dans ce cas qu'il ne s'agit pas d'un proche d'Erelyth, et j'espère encore moins qu'il ne s'agisse d'une famille d'humains ! Comme ça, je pourrais au moins rembourser mon temps perdu à attendre cette démone que je ne me vois toujours pas arrivé. Et puis, soyons clairs, sa réaction pourrait être un bon indicateur de si la belle brune face à moi est une occulte et qui plus est à mon goût.

— Moi ? Eh bien comme je le disais, j'attends une amie qui a prit la facheuse habitude de me faire attendre...

L'espace d'un instant je tapote sur la table. Erelyth m'irrite autant qu'elle ne me fascine. Mais bon. Si je suis là, c'est aussi pour y gagner quelque chose, et pas cette créature démoniaque ! Je tiens à ma vie... ou plutôt à ma mort, c'est dire.

— Il s'agit d'ailleurs de la propriétaire de ce bar. Avec un peu de chance, peut-être que ton frère est un ami à elle ? Ils sont assez rares mais existent bel et bien ! Oh et...

Je reprends mon superbe sourire de façade, galant, et courbe l'échine avec légerté comme on le faisait en Angleterre il y a de ça quelques siècles.

— Je m'appelle Ashleigh, j'ai complètement oublié de me présenté... mais tu peux m'appeler Ash, ma tendre ?...

Un mystère ? Une évidence plutôt, du moins pour qui le connaissait. Il n'y avait rien de surprenant chez Jay si ce n'est que sous ses dehors de bad boy et sa tendance à enchaîner les conquêtes pseudo-amoureuse il était plutôt le fils parfait, appliqué en cours et obéissants, rendant plus difficile à encaisser pour leurs parents qu'il soit parti du jour au lendemain et sans crier gare. Cependant il est vrai qu'il y avait une forme de mystère dans le fait qu'il soit reparu un mois plus tard dans sa vie et lui ai demandé de ne pas en parler à leur famille, l'invitant à le rejoindre lui et leur soeur qui n'avait plus donné signe de vie depuis quatre ans à des centaines de kilomètres de chez eux. Bien sur tout ça elle n'en parlerait pas à l'autre, elle le connaissait à peine, ça ne devait pas l'intéresser et puis il y a des choses que l'on étale pas ainsi au premier venu.

Au moins étaient-ils deux à attendre des personnes qui ne semblaient pas vouloir venir, quoique Samara attende depuis moins longtemps mais l'adolescente n'était pas très patiente, pas quand elle avait autant de questions, d'incertitudes et puis il fallait bien avouer que le voyage l'avait quelque peu fatiguée. Petite nature ? C'est vrai, mais elle ne tolérait pas parfaitement le traitement médicamenteux qui lui était imposé.

L'autre lui en dit un peu plus sur l'identité de la personne qu'il attendait. La propriétaire du bar ? Alors elle finirait fatalement par revenir ici mais Jay ? Oh c'est sur il n'allait pas l'abandonner mais quand même elle aurait préférée être ailleurs.

-Je ne suis pas sure, Jay n'a pas beaucoup d'amis.

Dit-elle en haussant vaguement les épaules. Voilà l'autre se présentant et lui demandant également son nom. C'est vrai qu'ils ne les avaient pas encore échangés alors qu'habituellement c'était l'une des premières choses que l'on faisait. La brune répondit donc :

-Samara

— Quel joli prénom...

Mais elle n'en sait, hélas ! Pas plus que moi sur ce fameux frère. Mais il est sur et certain que sa venue dans ce bar n'est pas anecdotique ni même hasardeuse... du moins je l'espère ! Je le souhaite... oh, je commence à avoir l'appétit qui revient. Quand remonte mon dernier déjeuner ? Aaah... il y seulement quelques heures. Ma gourmandise me perdra, mais en même temps, pourquoi diable ne consommerai-je pas tous les petits plaisir que la mort a à m'offrir ? Ahaha, quel humoriste.

— Jay, hein. Non en effet ça ne me dit rien du tout, peut-être qu'il s'agit là d'un drôle de hasard.

Je souris. Bien sûr que non, ce n'est pas un hasard. Rah, je cherche sur mon téléphone un indice, quelque chose qu'Erelyth aurait laissé s'échapper... comment s'appellent la famille d'humains dont elle m'a parlé ? Enfin, qu'elle avait mentionné lorsque je n'étais pas très loin : bon, ok, cela ne m'était pas vraiment adressé, mais c'est tout comme puisqu'elle me savait dans le périmètre, non ?

Le truc c'est que je l'aurais bien appelé, mais je voulais lui faire une petite surprise...

Joli nom ? Peut-être. On ne lui avait jamais rien dit à ce sujet, pas qu'elle s'intéresse beaucoup à telle banalité mais c'était gentil de la part de l'autre et elle le remercia avec un faible sourire. La brune n'était pas douée pour faire la conversation aussi un silence gêné retomba vite sur la pièce tendit que Samara noyait son embarras en finissant son verre d'eau.

La brune avait espéré que l'autre connaisse son frère mais il ne sembla pas réagir à son nom, enfin à part pour lui dire que ça ne lui disait justement rien, il tripota un peu son téléphone et elle songea un instant prendre le sien pour dire au coureur de jupon qui lui servait de frangin d’accélérer un peu l'allure mais se ravisa. Ce n'était pas très poli, même si l'autre ne s'était guère gêné.

Plusieurs minutes passèrent jusqu'à ce qu'une tête familière n'apparaisse enfin. La brune salua son frère, demeurant calme malgré l'émotion. Elle salua celui qui lui avait tenu compagnie puis quitta le bar, assommant le brun de questions alors qu'ils s'éloignaient.